Créer un cadre sécurisant pour attendre les secours
Dans une situation d’urgence, quelqu’un de familier est une présence rassurante pour la personne en crise. Nous partageons une vie de famille, le quotidien du travail ou des moments entre amis. Cela procure une certaine proximité. En restant aux côtés de la personne, je peux lui permettre d’attendre les secours de la manière la moins pénible possible.
Je peux chercher des gestes ou des mots pour qu’elle se sente mieux, ou encore aménager la pièce pour la rendre sécurisante. Si j’étais déjà présent lors d’une crise précédente, je peux me rappeler des initiatives qui s’étaient révélées efficaces.
Apporter du soutien au quotidien
Soutenir au quotidien un proche qui connaît des problèmes de santé mentale peut se faire de multiples manières. Il ne s’agit pas d’agir à sa place, ni de le prendre en charge. Même si ses difficultés sont grandes, la personne reste aux commandes de son existence et décide des projets qu’elle veut mener. Voici quelques pistes.
Être là, une aide en soi
La première des aides consiste à être présent pour l’amie, le conjoint, le membre de la famille, la voisine ou le collègue. Le simple fait d’être là et d’accorder de l’attention à la personne, peut se révéler réconfortant. Même si la communication ou les échanges sont difficiles, le fait de passer un moment côte à côte permet de signifier à notre proche qu’il ou elle compte pour nous. Nous préservons ainsi dans le temps les liens qui nous unissent. Cela participe à installer un climat de confiance. Et peut-être que le dialogue s’enclenchera, plus tard.
Repérer les signes de difficulté chez un proche
Quand on partage des moments du quotidien avec un proche, on connaît ses habitudes, sa personnalité. On peut donc repérer – et pas seulement au cours d’une crise – les petits ou grands changements qui peuvent indiquer que la personne que l’on côtoie est en difficulté.
Un changement d’attitude, un repli sur soi ou au contraire une exubérance qui ne « ressemble » pas à la personne que l’on connaît, une consommation excessive d’alcool, une chute des résultats scolaires, des problèmes au travail, des croyances nouvelles… autant de signes qui peuvent nous alerter et nous inciter à ouvrir une discussion.
Au fil du temps, avec l’expérience, on parviendra peut-être à identifier chez notre proche dans quels domaines se manifestent les premiers signes. Par exemple, il ou elle ne se lève plus le matin. Ou bien il ou elle nous envoie des textos jour et nuit. Ces connaissances pourront nous être utiles pour anticiper des difficultés ou une éventuelle rechute.
Ouvrir le dialogue
Lorsqu’une personne de notre entourage rencontre des difficultés, elle peut souhaiter en parler et en même temps, le redouter. Nous pouvons tenter de lui offrir un espace pour la discussion où elle pourra s’exprimer librement, sans crainte d’être jugée. Quelques principes simples peuvent y contribuer.
Une première piste consiste à s’adresser à notre proche en employant le « je », plutôt que le « tu ». On parle à la première personne et on communique ce que l’on éprouve. On peut dire par exemple : « Je ressens de… », « J’ai l’impression que… », « Je m’inquiète du fait que… ». Le « je » incitera à une communication ouverte, sans jugement. A l’inverse, le « tu » donnera l’impression de mettre en cause la personne, de l’incriminer. Cela peut la mettre sur la défensive.
Ainsi, la phrase « Tu bois beaucoup » risque d’être moins bien reçue qu’une autre formulée ainsi : « Je m’inquiète du fait que tu boives beaucoup ». On peut essayer de communiquer de cette façon, même si ce n’est ni simple ni immédiat, et voir quel résultat on obtient.
Une deuxième piste consiste à prendre tout le temps nécessaire pour entamer le dialogue et trouver pour cela un lieu adéquat, calme et confortable. On n’engage pas ce genre d’échange « entre deux portes », ni n’importe où. Nous devons nous rendre disponible pour cela, en nous préservant de ce qui pourrait nous interrompre ou nous déranger.
Une fois installée, la communication sans jugement permet à la personne de se sentir considérée, écoutée, prise en compte.
Envisager le positif avec mon proche
Lorsqu’un proche rencontre des difficultés, nous remarquons d’abord ce qui ne fonctionne pas ou plus. Nous sommes tentés de souligner ses défaillances, car elles nous sautent aux yeux. Or cela apporte rarement de l’aide. Trop souvent, nous oublions que nous connaissons bien ses centres d’intérêt, les projets qui lui font plaisir. Nous savons où il ou elle puise sa motivation. On peut s’appuyer sur tout ce qui mobilise habituellement la personne pour l’encourager à chercher un mieux être dans certaines activités ou actions.
Notre proche n’est pas seulement quelqu’un rencontrant des difficultés psychiques et ayant besoin d’aide. Il ou elle est aussi quelqu’un avec qui on a plaisir à aller au cinéma, à faire la fête, qui nous fait rire, avec qui on aime parler. Considérer la personne « en entier », y compris dans ce qu’elle continue à nous apporter de positif, renforce son estime d’elle-même. Il s’agit ici de préserver la relation qu’on a avec la personne, en ne laissant pas les difficultés prendre toute la place.
Épauler mon proche dans sa recherche de lieux et de professionnels qui pourront l’aider
Les lieux, les professionnels, les dispositifs qui peuvent soutenir quelqu’un rencontrant des problèmes de santé mentale sont nombreux. Mais il est difficile de s’y retrouver parmi les sigles et les spécialités parfois mystérieuses. L’information n’est pas toujours accessible. Je peux prendre de mon temps et consacrer de l’énergie pour aider quelqu’un de mon entourage à se repérer dans ce qui apparaît comme une jungle, même si je n’y connais rien au départ.
Je peux épauler cette personne dans sa recherche d’information sur internet ou par téléphone. Je peux l’accompagner dans des démarches parfois décourageantes, car longues ou compliquées. Il s’agira alors, en binôme avec la personne et sans jamais faire à sa place, de l’aider à :
- S’informer en trouvant des sources fiables autour d’elle et sur le web,
- Repérer les structures et les personnes qui pourraient l’épauler, par exemple les lieux d’écoute existants, ou encore les groupes d’entraide fonctionnant à proximité de chez elle,
- Consulter un professionnel pour recevoir du soutien.