Le soutien d'un proche

Mise à jour : 07/11/2024
Le soutien d'un proche
Lorsque qu’un ami, un parent, un collègue ou un voisin rencontre des difficultés psychiques, il est possible de l’aider. Grâce à notre proximité, nous pouvons jouer un rôle important.

Une personne de mon entourage est en crise, que faire ?

Repérer les comportements alarmants

Nous pouvons être témoins d’un comportement inhabituel chez une amie, notre conjoint, un membre de notre famille, une collègue ou un voisin, et nous interroger sur sa santé mentale. La personne peut être très agitée. Mais elle peut également rester silencieuse et prostrée. Ce qui doit nous alerter, c’est le fait qu’elle se montre différente de celle ou celui que nous connaissons. En tant que proche, je suis bien placé pour remarquer que la personne n’est pas dans son état habituel. Je m’aperçois plus facilement que ses comportements, son attitude, son discours sont très éloignés de ce qu’elle montre le reste du temps.

Il peut m’être difficile, par contre, de mesurer si cette crise nécessite l’intervention immédiate d’une équipe médicale. Comme je suis lié à cette personne, mes émotions peuvent venir perturber mon jugement. Je n’ai pas forcément la distance nécessaire pour analyser la situation. S’informer sur ce qui constitue une urgence peut m’y aider.  

Prévenir les secours

SAMU 15

Le SAMU doit toujours être contacté en cas de doute. Il pourra évaluer la situation et vous orienter vers la bonne structure pour une urgence psychiatrique.

Pompiers 18

Police 17

Créer un cadre sécurisant pour attendre les secours 

Dans une situation d’urgence, quelqu’un de familier est une présence rassurante pour la personne en crise. Nous partageons une vie de famille, le quotidien du travail ou des moments entre amis. Cela procure une certaine proximité. En restant aux côtés de la personne, je peux lui permettre d’attendre les secours de la manière la moins pénible possible.

Je peux chercher des gestes ou des mots pour qu’elle se sente mieux, ou encore aménager la pièce pour la rendre sécurisante. Si j’étais déjà présent lors d’une crise précédente, je peux me rappeler des initiatives qui s’étaient révélées efficaces.

Apporter du soutien au quotidien

Soutenir au quotidien un proche qui connaît des problèmes de santé mentale peut se faire de multiples manières. Il ne s’agit pas d’agir à sa place, ni de le prendre en charge. Même si ses difficultés sont grandes, la personne reste aux commandes de son existence et décide des projets qu’elle veut mener. Voici quelques pistes.

Être là, une aide en soi

La première des aides consiste à être présent pour l’amie, le conjoint, le membre de la famille, la voisine ou le collègue. Le simple fait d’être là et d’accorder de l’attention à la personne, peut se révéler réconfortant. Même si la communication ou les échanges sont difficiles, le fait de passer un moment côte à côte permet de signifier à notre proche qu’il ou elle compte pour nous. Nous préservons ainsi dans le temps les liens qui nous unissent. Cela participe à installer un climat de confiance. Et peut-être que le dialogue s’enclenchera, plus tard.

Repérer les signes de difficulté chez un proche

Quand on partage des moments du quotidien avec un proche, on connaît ses habitudes, sa personnalité. On peut donc repérer – et pas seulement au cours d’une crise – les petits ou grands changements qui peuvent indiquer que la personne que l’on côtoie est en difficulté.

Un changement d’attitude, un repli sur soi ou au contraire une exubérance qui ne « ressemble » pas à la personne que l’on connaît, une consommation excessive d’alcool, une chute des résultats scolaires, des problèmes au travail, des croyances nouvelles… autant de signes qui peuvent nous alerter et nous inciter à ouvrir une discussion.

Au fil du temps, avec l’expérience, on parviendra peut-être à identifier chez notre proche dans quels domaines se manifestent les premiers signes. Par exemple, il ou elle ne se lève plus le matin. Ou bien il ou elle nous envoie des textos jour et nuit. Ces connaissances pourront nous être utiles pour anticiper des difficultés ou une éventuelle rechute.

Ouvrir le dialogue

Lorsqu’une personne de notre entourage rencontre des difficultés, elle peut souhaiter en parler et en même temps, le redouter. Nous pouvons tenter de lui offrir un espace pour la discussion où elle pourra s’exprimer librement, sans crainte d’être jugée. Quelques principes simples peuvent y contribuer. 

Une première piste consiste à s’adresser à notre proche en employant le « je », plutôt que le « tu ». On parle à la première personne et on communique ce que l’on éprouve. On peut dire par exemple : « Je ressens de… », « J’ai l’impression que… », « Je m’inquiète du fait que… ». Le « je » incitera à une communication ouverte, sans jugement. A l’inverse, le « tu » donnera l’impression de mettre en cause la personne, de l’incriminer. Cela peut la mettre sur la défensive.

Ainsi, la phrase « Tu bois beaucoup » risque d’être moins bien reçue qu’une autre formulée ainsi : « Je m’inquiète du fait que tu boives beaucoup ». On peut essayer de communiquer de cette façon, même si ce n’est ni simple ni immédiat, et voir quel résultat on obtient.

Une deuxième piste consiste à prendre tout le temps nécessaire pour entamer le dialogue et trouver pour cela un lieu adéquat, calme et confortable. On n’engage pas ce genre d’échange « entre deux portes », ni n’importe où. Nous devons nous rendre disponible pour cela, en nous préservant de ce qui pourrait nous interrompre ou nous déranger. 

Une fois installée, la communication sans jugement permet à la personne de se sentir considérée, écoutée, prise en compte.

Envisager le positif avec mon proche

Lorsqu’un proche rencontre des difficultés, nous remarquons d’abord ce qui ne fonctionne pas ou plus. Nous sommes tentés de souligner ses défaillances, car elles nous sautent aux yeux. Or cela apporte rarement de l’aide. Trop souvent, nous oublions que nous connaissons bien ses centres d’intérêt, les projets qui lui font plaisir. Nous savons où il ou elle puise sa motivation. On peut s’appuyer sur tout ce qui mobilise habituellement la personne pour l’encourager à chercher un mieux être dans certaines activités ou actions.

Notre proche n’est pas seulement quelqu’un rencontrant des difficultés psychiques et ayant besoin d’aide. Il ou elle est aussi quelqu’un avec qui on a plaisir à aller au cinéma, à faire la fête, qui nous fait rire, avec qui on aime parler. Considérer la personne « en entier », y compris dans ce qu’elle continue à nous apporter de positif, renforce son estime d’elle-même. Il s’agit ici de préserver la relation qu’on a avec la personne, en ne laissant pas les difficultés prendre toute la place.

Épauler mon proche dans sa recherche de lieux et de professionnels qui pourront l’aider

Les lieux, les professionnels, les dispositifs qui peuvent soutenir quelqu’un rencontrant des problèmes de santé mentale sont nombreux. Mais il est difficile de s’y retrouver parmi les sigles et les spécialités parfois mystérieuses. L’information n’est pas toujours accessible. Je peux prendre de mon temps et consacrer de l’énergie pour aider quelqu’un de mon entourage à se repérer dans ce qui apparaît comme une jungle, même si je n’y connais rien au départ. 

Je peux épauler cette personne dans sa recherche d’information sur internet ou par téléphone. Je peux l’accompagner dans des démarches parfois décourageantes, car longues ou compliquées. Il s’agira alors, en binôme avec la personne et sans jamais faire à sa place, de l’aider à :

  • S’informer en trouvant des sources fiables autour d’elle et sur le web,
  • Repérer les structures et les personnes qui pourraient l’épauler, par exemple les lieux d’écoute existants, ou encore les groupes d’entraide fonctionnant à proximité de chez elle,
  • Consulter un professionnel pour recevoir du soutien. 

Comment éviter de m’épuiser ?

Aider dans la durée une personne de mon entourage qui vit avec des troubles psychiques peut s’avérer une tâche éprouvante. Cela peut avoir des conséquences sur ma propre santé, physique et mentale, ainsi que sur ma vie personnelle, professionnelle, sociale. On peut ressentir de l’usure ou du découragement. Progressivement, ces sentiments risquent de se transformer en colère et en agressivité à l’égard de ce proche. On prend alors le risque d’abîmer la relation qu’on entretient avec la personne.

Garder du temps pour soi

Aussi il est important d’apprendre à se préserver. Pour cela, il est nécessaire de prêter attention à ses ressentis, afin  de repérer notamment les signes de fatigue. Il peut être utile de s’interroger sur ses propres limites et de veiller à ne pas les dépasser, par exemple en fixant un certain temps à passer avec son proche.

Il est également important de souffler et de pratiquer des activités dans lesquelles on trouve du plaisir. Cela permet de rester efficace dans son soutien et positif, tout en préservant sa propre santé mentale.

S’entourer et se faire aider

En tant qu’aidant ou aidante, on peut d’ailleurs trouver de l’écoute et des conseils auprès d’associations d’entraide regroupant des personnes vivant avec un trouble psychique et leurs proches. On peut y rencontrer des personnes vivant les mêmes expériences que les nôtres. On peut bénéficier de formations, s’inscrire à un programme de psychoéducation, participer à des groupes de paroles. Certains groupes sont dédiés aux parents seulement, d’autres aux sœurs et frères, d’autres encore aux filles et fils de personnes concernées par un trouble psy (voir plus bas “D’autres ressources”). 

Il existe aussi des dispositifs de répit, dont l’objectif est de prendre en charge la personne concernée par un trouble psychique pour que l’aidant puisse souffler quelques heures ou quelques jours. Le statut officiel “d’aidant familial” ouvre sous certaines conditions des droits à congés ou à une rémunération pour l’aide apportée. 

En cas de besoin, on peut aussi trouver grâce aux conseils et recommandations de ces associations une aide professionnelle pour nous soutenir : médecin généraliste, psychiatre, psychologue, assistant ou assistante de service social et d’autres professionnels du soin ou du social.

Pour tous : 

  • “J’ai un ami ou une amie qui va mal” : des outils et des ressources pour mieux le soutenir (association Nightline)
  • L’Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), notamment ses formations destinées aux proches, son programme de psychoéducation Bref proposé un peu partout en France comme ici dans le Cantal
  • Programme psycho-éducatif, destiné aux familles et proches de patients souffrant de schizophrénie ou de troubles apparentés : Profamille
  • Echanges entre jeunes ayant un parent, un frère ou une sœur concerné par un trouble psychique sur Jefpsy  ou avec Les Funambules Falret
  • L’épisode Les ricochets, du podcast Les maux bleus, avec le témoignage de Chloé, dont le frère et le père vivent avec un trouble bipolaire, et Hélène Davtian, psychologue spécialisée dans la prise en charge des fratries concernées par un trouble psychique 
  • Si je suis sœur ou frère d’une personne concernée par un trouble psychique, la série de vidéos documentaires Y a un truc qui va pas, par l’association PromesseS
  • Si une mesure juridique de protection est envisagée, le site Protéger un proche, portail national d’information en direction des personnes majeures protégées et de leurs proches 

Pour les aidantes et les aidants : 

Cet article a été écrit par Maud Meylan et Estelle Saget (Psycom). 

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Maud Meylan déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Estelle Saget déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Ces déclarations peuvent être vérifiées sur la Base Transparence Santé du Ministère de la Santé.