L’éducation thérapeutique
L’éducation thérapeutique, appelée aussi psychoéducation, est la première intervention recommandée dans le trouble de stress post-traumatique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cela consiste à recevoir des informations sur le trouble, ses symptômes et les moyens d’y faire face, de la part de professionnels du psycho-traumatisme. Les consultations spécialisées dans le psycho-traumatisme la proposent.
La psychoéducation nous permet de mieux comprendre nos réactions, par exemple pourquoi nous ressassons l’évènement, pourquoi nous continuons à avoir l’impression de courir un danger. Elle nous aide à faire le lien entre le trouble et les douleurs physiques que nous pouvons éprouver, la fatigue, l’irritabilité. Nous pouvons recevoir des conseils sur d’autres manières de réagir, par exemple reprendre certaines de nos activités habituelles quand notre réflexe serait de nous isoler.
Dans le cas de traumatismes liés à des violences, la psychoéducation aide aussi à saisir comment l’agresseur a procédé, par exemple les moyens utilisés pour installer son emprise ou maintenir un système de domination.
Les thérapies
Le traitement recommandé, en plus de la psychoéducation, est le recours à une ou plusieurs thérapies. Pour un certain nombre d’entre elles, l’efficacité a pu être établie grâce à des études scientifiques. Ces thérapies ont été recensées par la société savante International society for traumatic stress studies (ISTSS), basée à Chicago (Etats-Unis).
Les TCC centrées sur le traumatisme
Ces thérapies cognitives et comportementales (TCC) reposent sur le constat que la personne conserve des pensées et des convictions qui ne sont pas adaptées concernant l’évènement traumatisant et ses conséquences. Ces pensées et convictions entraînent un évitement inutile de tout ce qui rappelle l’évènement et entretiennent un sentiment de menace permanente.
La personne est amenée à porter son attention sur ses convictions et aussi ses émotions, pour ensuite les modifier avec l’aide du thérapeute. Elle peut aussi décrire les pensées et images perturbantes liées au traumatisme et apprendre à y réagir différemment.
La « thérapie par exposition » peut également être utilisée. La personne est exposée en imagination aux souvenirs traumatiques, c’est-à-dire que le thérapeute lui demande de penser à l’évènement. Le thérapeute peut aussi choisir de l’exposer à des indices bien réels évoquant l’événement, par exemple un vêtement porté ce jour-là. L’objectif est que les réactions de la personne diminuent en intensité au fil des séances, un phénomène qualifié d’habituation.
L’EMDR
La thérapie EMDR (pour eye movement desensitization and reprocessing), ou désensibilisation et retraitement par les mouvements des yeux, repose sur l’idée que les pensées, les sentiments et les comportements négatifs de la personne découlent de souvenirs de l’évènement traumatisant que le cerveau n’a pas pu assimiler correctement.
Le thérapeute invite la personne à se concentrer sur les images, les pensées, les émotions et les sensations corporelles qui lui viennent en lien avec le traumatisme. Pendant ce temps, il demande à la personne de suivre du regard ses doigts qu’il déplace de droite à gauche devant ses yeux, de façon répétitive. Le thérapeute peut aussi faire entendre un son à la personne dans un casque, en alternant oreille droite et oreille gauche, ou encore tapoter le genou droit puis le genou gauche de la personne.
L’objectif est que les souvenirs perturbants soient retraités par le cerveau durant l’exercice, de manière à perdre leur vivacité et pouvoir être mis à distance.
Les thérapies développées pour le trouble complexe
Des thérapies plus récentes ont été développées pour traiter le trouble complexe. De ce fait, les chercheurs ont moins de recul concernant leur efficacité. Certaines sont prometteuses mais doivent encore faire leurs preuves. Utilisant les travaux menés en neurosciences, ces thérapies reposent sur les dernières théories expliquant les mécanismes de la mémoire, ainsi que ses dysfonctionnements en cas de traumatisme.
Ces thérapies ont pour objectif de transformer les souvenirs perturbants, qui reviennent de façon involontaire, en souvenirs classiques que la personne pourra se remémorer de manière volontaire. Ils prennent ainsi place dans la mémoire dite autobiographique, celle qui permet à la personne de se représenter les évènements de son existence dans l’ordre chronologique.
Dans la « thérapie par exposition à la narration », par exemple, le thérapeute amène la personne à retracer sa vie en la jalonnant avec des souvenirs heureux et d’autres malheureux. Au fil des séances, il s’arrête avec la personne sur chaque souvenir traumatique pour pratiquer une « thérapie par exposition », telle que décrite plus haut. L’objectif est que la personne, à force de revenir sur le récit de sa vie, d’en faire la « narration », replace les événements traumatiques dans le passé et puisse les évoquer sans ressentir de détresse. La thérapie de l’ICV (pour Intégration du cycle de vie) repose elle aussi sur ce principe.
D’autres thérapies, en complément
D’autres thérapies utilisées en dehors du trouble de stress post-traumatique peuvent être proposées, en complément des précédentes. Une certaine efficacité dans ce trouble a pu être établie pour le yoga, l’acupuncture et la stimulation magnétique transcrânienne, selon la société savante internationale ISTSS.
Les professionnels du psycho-traumatisme proposent notamment des techniques comme la relaxation, la cohérence cardiaque, l’EFT (pour Emotional freedom technique, ou technique de liberté émotionnelle, utilisant la stimulation des points d’acupuncture sur le corps) ou la thérapie des schémas (forme de TCC visant les schémas appris dans l’enfance ou l’adolescence).
Le recours aux médicaments
Lorsque les thérapies ne suffisent pas, ou s’il est difficile d’y avoir accès, des médicaments peuvent être proposés dans le traitement du trouble de stress post-traumatique.
Des antidépresseurs de la famille des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) et de la famille des inhibiteurs de recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN), ont montré un effet qualifié de modéré par la société savante internationale ISTSS.
S’aider par soi-même
Nous pouvons nous renseigner sur notre trouble. En lisant des articles, en regardant des vidéos sur internet (voir plus bas la rubrique « D’autres ressources »), en posant des questions à d’autres, nous pouvons comprendre ce qui nous arrive et mieux faire face aux symptômes
Nous pouvons écrire sur les évènements traumatisants, sur nos réactions, nos espoirs pour la suite. Mettre des mots sur ce que nous avons vécu aide à penser, et c’est particulièrement précieux quand un traumatisme nous en empêche. Il peut s’agir de tenir un journal intime, de glisser un carnet de notes dans son sac et de le remplir au coup par coup, ou d’écrire des lettres que l’on n’enverra pas.
Toutes les activités créatrices, comme le dessin, la peinture, la photographie, le théâtre, la danse, le chant, la musique, sont des moyens d’exprimer nos émotions et notre ressenti.
Il existe de nombreux groupes d’entraide réunissant des personnes ayant subi le même type de traumatismes. Certains sont des communautés virtuelles, via internet. D’autres permettent de se rassembler dans un lieu, par exemple des groupes de parole. On trouve maintenant des groupes en lien avec des traumatismes auparavant tabous, par exemple des hommes ayant subi des violences sexuelles, ou des parents ayant perdu un enfant en cours de grossesse.
Si la spiritualité fait déjà partie de notre quotidien, y recourir peut nous apporter de l’aide.
Vivre avec une personne concernée par le trouble de stress post-traumatique
Si nous vivons avec une personne concernée par le trouble de stress post-traumatique, nous pouvons être dérouté par ses réactions et nous sentir démunis.
Nous pouvons l’aider de plusieurs façons :
- faire savoir à cette personne que nous sommes disponibles si elle a besoin de parler de l’évènement traumatique, par exemple en disant : “Si tu as envie ou besoin un jour ou l’autre de parler de ce qui t’es arrivé, je suis là”
- poser nos limites par avance pour éviter de nous mettre en danger, comme le propose dcaius (un pseudo) sur son blog, en disant : “Si c’est trop difficile pour moi et que j’ai besoin de faire une pause dans la conversation, ou que tu me donnes moins de détails, je te le dirai”
- chercher avec elle où consulter un professionnel, si elle ne l’a pas encore fait
- admettre que notre vie de famille, conjugale ou sociale soit chamboulée pendant un certain temps
- manifester notre affection et notre empathie pour ce qu’elle vit
- nous autoriser à parler d’autre chose
- nous donner le droit, à l’occasion, de nous sentir impuissant et frustré dans notre position de proche.