Les troubles anxieux, qu’est ce que c’est ?
L’anxiété, c’est à dire la crainte d’un danger, est présente chez tous les individus. Cette émotion constitue une réponse à une situation potentiellement inquiétante. Elle est souvent ressentie comme désagréable. Les scientifiques considèrent cependant qu’elle joue un rôle dans notre capacité à affronter le danger et à nous adapter à une situation nouvelle.
L’anxiété peut devenir problématique lorsqu’elle devient trop intense, ou envahissante au point de perturber le quotidien. Cette anxiété peut alors prendre plusieurs formes. Il peut s’agir de troubles anxieux, parmi lesquels le trouble anxieux généralisé (TAG), l’attaque de panique qui peut entraîner le trouble panique, les phobies. Il peut s’agir d’un trouble obsessionnel compulsif, ou TOC. Ce dernier constitue une catégorie distincte dans la dernière édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM 5, 2013), l’une des deux classifications reconnues à l’échelle internationale.
Les troubles anxieux et le TOC peuvent avoir des conséquences importantes sur notre vie affective et familiale, sur notre travail et nos loisirs. Malgré ces difficultés il est possible de se rétablir de ces troubles.
Reconnaître un trouble anxieux généralisé
Le trouble anxieux généralisé (TAG) est un état d’anxiété permanente et de soucis excessifs qui persiste pendant au moins 6 mois. Cette anxiété n’est pas liée à une situation ou un sujet précis. Il s’agit d’une inquiétude excessive de tous les moments de la vie, qu’il s’agisse du travail, de la famille, de la santé ou des amis. Nous avons du mal à la contrôler.
Cette inquiétude est associée à des symptômes physiques comme :
- fatigue, tension musculaire, agitation ou surexcitation
- difficultés de concentration, troubles du sommeil, irritabilité
- mains froides et humides, bouche sèche, sueurs, nausées ou diarrhée, besoin d’uriner fréquent, difficultés à avaler ou sensation de boule dans la gorge, tremblements, contractions, douleurs dans les muscles, syndrome du côlon irritable, maux de tête.
L’anxiété généralisée peut avoir un fort impact sur notre quotidien et s’accompagner d’un état dépressif.
Reconnaître une attaque de panique
L’attaque de panique consiste en la survenue brutale d’une peur intense, d’un sentiment de mort ou de catastrophe imminente, de perte de contrôle de soi.
Cette peur intense apparaît alors que la situation n’implique aucun risque vital pour nous, indique la Classification internationale des maladies (CIM 10, 2008), l’une des deux classifications de référence.
Cette peur est associée à d’autres symptômes comme :
- Palpitations, accélération des battements du cœur, transpiration, tremblements ou secousses musculaires
- Sensations de «souffle coupé» ou impression d’étouffement, sensation d’étranglement, douleur ou gêne dans la poitrine, nausée ou gêne au niveau du ventre
- Sensation de vertige, d’instabilité, de tête vide ou impression d’évanouissement
- Sentiments d’irréalité (déréalisation) ou sentiment d’être détaché de soi (dépersonnalisation)
- Peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou, peur de mourir
- Sensations d’engourdissement ou de picotements, frissons ou bouffées de chaleur
Une attaque de panique dure environ 30 minutes. Ces crises peuvent être spontanées et sans cause apparente, ou survenir en réaction à un événement traumatisant, une prise de toxiques (alcool, tabac, cannabis ou autre drogue), ou encore être associées à une maladie physique ou psychique, en lien avec la prise ou le sevrage de certains médicaments.
Lorsque les attaques de panique se répètent et que nous craignons qu’elles reviennent (nous avons “peur d’avoir peur”), il s’agit d’un trouble panique. Celui-ci peut être associé à des phobies (des peurs intenses d’un objet ou d’une situation précise), un état dépressif, une consommation abusive de médicaments psychotropes ou d’alcool.
Reconnaître une phobie
Les phobies sont l’expression d’une peur irraisonnée, intense et spécifique à un animal (par exemple les araignées), un objet (par exemple les ciseaux) ou une situation (par exemple l’obscurité). Les phobies sont très fréquentes et bien souvent, elles ont peu de conséquences sur notre vie. C’est leur niveau d’intensité et un retentissement important qui peuvent les rendre problématiques. La personne a conscience du caractère absurde de sa peur et en souffre, précise la CIM-10.
Les phobies s’accompagnent de conduites d’évitement de la situation redoutée, par exemple ne pas prendre les ascenseurs et utiliser systématiquement les escaliers. Elles peuvent aussi nous amener, à l’inverse, à affronter délibérément la situation, ce qu’on désigne sous le nom de conduites contra-phobiques. Dans le cas d’une phobie de l’obscurité, par exemple, cela peut consister à traverser le jardin la nuit en demandant à une ou un proche de nous accompagner pour nous rassurer.
Certaines phobies ont un objet plus large. Ainsi, l’agoraphobie consiste en une peur irraisonnée et intense des espaces découverts et de la foule, ou de toute situation dont on ne peut s’échapper facilement, par exemple être seul loin de son domicile ou être sur un pont.
Les phobies sociales désignent la peur irraisonnée et intense des situations où l’on est exposé au regard d’autrui. Elles incluent la peur de rougir, de trembler, de parler, de manger ou vomir en public, la peur des examens.
La dysmorphophobie est la préoccupation pour un défaut imaginaire de l’apparence physique. Elle peut aussi concerner un défaut physique réel, mais pour lequel la préoccupation est manifestement démesurée.
Reconnaître un TOC
Le TOC se manifeste par des pensées dérangeantes, répétitives et incontrôlables, appelées obsessions, qui causent une forte anxiété. Pour diminuer la souffrance qui en résulte, les personnes développent des comportements répétitifs, irraisonnés et irrépressibles appelés compulsions, indique la CIM 10.
Les obsessions sont des idées, des images ou des impulsions (c’est à dire le besoin irrépressible d’accomplir un acte) qui font intrusion dans notre conscience de façon répétitive. Elles portent sur des thèmes comme le désordre, la sexualité ou la peur d’être responsable d’une catastrophe. En règle générale, ces pensées gênent considérablement la personne qui s’efforce de les chasser, sans y parvenir.
Les compulsions sont des activités que nous nous sentons obligés de répéter – soit des gestes, soit des comportements. On les appelle aussi des rituels. Il peut s’agir de compter, de ranger les choses dans un certain ordre, de répéter des mots dans sa tête. Nous ne tirons aucun plaisir de la réalisation de ces actes. Leur but est d’empêcher un événement qui, s’il survenait, impliquerait un malheur pour nous ou quelqu’un d’autre, et dont nous serions responsable. Nous savons, la plupart du temps, que notre comportement est absurde et inutile. C’est pourquoi nous essayons de le contrôler, sans y parvenir.
La trichotillomanie, consistant à s’arracher les cheveux, les cils ou les sourcils de manière récurrente, fait partie des TOC. De même le fait de se gratter la peau de manière compulsive, un trouble baptisé dermatillomanie.
Le TOC s’accompagne presque toujours d’une anxiété. Cette anxiété s’aggrave quand nous essayons de résister à la compulsion.
L’éco-anxiété, un trouble anxieux ou pas ?
On parle d’éco-anxiété quand une personne ressent de l’anxiété face au dérèglement du climat et aux menaces qui pèsent sur l’environnement, autrement dit face à l’urgence écologique. Cette émotion peut s’accompagner de symptômes comme des attaques de panique, des insomnies, des pensées obsessionnelles, selon l’article publié dans la revue scientifique The Lancet Planetary Health.
Quand cette anxiété dure et vient s’ajouter à d’autres facteurs de notre quotidien ayant une influence négative sur notre santé mentale, cela pourrait contribuer à la survenue de troubles psychiques tels que les troubles addictifs, les troubles anxieux ou les troubles dépressifs. Mais ces effets n’ont pas encore fait l’objet d’études scientifiques assez nombreuses pour être établis.
A ce jour, l’éco-anxiété n’est pas considérée comme un trouble psychique. Elle ne figure ni dans la Classification internationale des maladies (CIM-11, 2022), ni dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM 5, 2013). Cependant, la communauté internationale des médecins et des chercheurs discute actuellement pour décider si l’éco-anxiété, quand elle entraîne un mal-être durable, constitue un trouble spécifique, qui devrait être diagnostiqué et pris en charge d’une façon particulière.
Pour préserver notre santé mentale quand nous ressentons de l’éco-anxiété, nous pouvons utiliser plusieurs stratégies. En voici trois, proposées par des personnes concernées et des professionnels de la santé mentale :
- limiter notre accès à des informations sur l’environnement provoquant des émotions négatives telles que la peur ou la culpabilité, s’autoriser à se déconnecter
- agir à notre échelle en changeant nos propres comportements, par exemple en triant nos déchets
- s’impliquer dans une action collective en faveur de l’environnement et lutter ainsi contre notre sentiment d’impuissance.