La santé mentale avec un TDAH

Mise à jour : 03/12/2024
La santé mentale avec un TDAH
Il existe des stratégies pour préserver sa santé mentale quand on vit avec un trouble du déficit de l’attention. On peut aussi trouver du soutien dans certaines structures dédiées.

Pourquoi la santé mentale c’est plus compliqué avec un TDAH

Des particularités qui persistent à l’âge adulte

Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble du neurodéveloppement (TND). Il se caractérise soit par une difficulté à maintenir son attention, soit par de l’hyperactivité (difficulté à demeurer immobile) accompagnée d’impulsivité (propension à agir sans réfléchir), soit par tout cela à la fois. On trouve une définition plus détaillée dans la Classification internationale des maladies, la CIM-11.

Il existe un premier profil de personne avec TDAH, où celle-ci est perçue comme rêveuse, distraite, inattentive. Dans le deuxième profil, la personne est vue comme agitée, agissant de manière précipitée, impatiente. D’autres profils constituent un mélange des deux précédents – ce sont les plus fréquents. 

Les symptômes du TDAH apparaissent dans l’enfance. Le plus souvent, ils persistent à l’âge adulte – ce point fait désormais consensus dans la communauté scientifique. « La présentation clinique peut être différente chez l’adulte, par rapport à l’enfant, avec des symptômes d’inattention plus importants et des déficits dans les fonctions exécutives entraînant des symptômes tels que la procrastination [le fait de remettre une action à plus tard], soulignent les chercheurs dans le guide TDAH publié en 2019 par la Fédération mondiale pour le TDAH, destiné aux professionnels de la santé mentale. L’impulsivité et les problèmes de régulation émotionnelle pourraient être plus importants que l’hyperactivité ». 

Et le même guide de préciser : « Il est important de reconnaître qu’il existe une proportion importante d’enfants [avec] TDAH qui deviennent des adultes sans ce trouble, ce qui pourrait être lié à la maturation de zones du cerveau impliquées dans le trouble ».

D’autres troubles souvent associés

Les problèmes de santé mentale sont plus fréquents chez les personnes vivant avec un TDAH que dans l’ensemble de la population. Ainsi, la Déclaration de consensus international de la Fédération mondiale pour le TDAH, publiée en 2021, précise (point N°18) : « De nombreuses études épidémiologiques et cliniques à grande échelle montrent que le TDAH coexiste souvent avec d’autres troubles » psychiques, comportementaux ou du neurodéveloppement. 

Voici les principaux, cités dans la Déclaration de consensus : 

  • les troubles addictifs,
  • les troubles dépressifs, 
  • les troubles bipolaires,
  • les troubles anxieux,
  • les troubles des conduites alimentaires,
  • le trouble oppositionnel avec provocation,
  • le trouble des conduites dissocial,
  • les troubles du spectre de l’autisme. 

Les troubles du sommeil sont également plus fréquents avec le TDAH. 

En étudiant les vies de personnes avec un TDAH, les scientifiques ont constaté que leurs parcours comportaient plus fréquemment des situations difficiles, comparé à la population dans son ensemble. On observe notamment davantage d’instabilité au niveau professionnel, d’accidents domestiques ou de la circulation, d’addictions précoces et de tentatives de suicide. Mais une personne vivant avec un TDAH n’aura pas tout, ni même la plupart, de ces problèmes, rappellent les chercheurs dans la Déclaration de consensus.

Nombre d’adultes développent des capacités d’adaptation et de compensation de leurs difficultés. Les symptômes sont alors moins marqués. Ceux-ci peuvent « s’exprimer par une nervosité mentale et physique, des troubles du sommeil, une instabilité émotionnelle ou être compensés par l’utilisation de drogues ou d’alcool », relève la Haute autorité de santé (HAS) dans sa note de cadrage sur le TDAH chez les adultes publiée en 2021. 

Le manque de confiance en soi

Pourquoi les personnes avec un TDAH rencontrent-elles davantage de problèmes de santé mentale ? Cela pourrait être en partie lié aux gènes et à l’architecture du cerveau, entraînant une prédisposition à certains troubles associés. Les chercheurs ayant publié la méta-analyse de 2019 sur l’autisme suggèrent que le rôle des gènes dans ces difficultés pourrait être majeur chez les personnes vivant à la fois avec l’autisme et le TDAH. 

Par ailleurs, les préjugés concernant le TDAH sont très fréquents et les personnes concernées, souvent stigmatisées. Cette situation a un impact négatif sur leur santé mentale, notent les neuropsychologues de l’association de vulgarisation scientifique Raptor Neuropsy dans leur brochure Repérer et accompagner le TDAH à l’âge adulte publiée en 2022. Dans l’enfance, on a souvent décrit ces personnes comme paresseuses, dans la lune, immatures ou encore mal élevées, turbulentes, impossible à canaliser, imprudentes. Ces mots peuvent diminuer durablement la confiance et l’estime de soi.

Ce qu’on peut faire pour sa santé mentale avec un TDAH

Etre accompagné pour son TDAH

Quand on est accompagné pour son TDAH à l’âge adulte, cela peut avoir un effet positif sur sa santé mentale. Certaines interventions visent à diminuer les symptômes du TDAH – on peut par exemple suivre une thérapie cognitive et comportementale pour mieux gérer sa colère. D’autres interventions visent à agir sur les conséquences de ces symptômes – on peut par exemple participer à un groupe de paroles réunissant des personnes concernées, pour se sentir moins isolé. 

En effet, le TDAH entraîne des difficultés pour lesquelles sont proposés différents types d’interventions, selon les structures et les professionnels. Cependant, il existe très peu de dispositifs publics destinés aux adultes. Globalement, cette compétence reste rare en France.  « Actuellement, peu de médecins sont formés pour la prise en charge de patients adultes », souligne la HAS dans sa note de 2021. 

Quelles interventions une personne adulte avec TDAH devrait-elle rechercher en priorité ? Pour le moment, la Haute autorité de santé (HAS) n’a pas publié de recommandations à ce sujet. Le colloque organisé au ministère de la Santé le 12 juin 2024, à l’initiative de l’association TDAH-France, a abordé le thème “Quelles recommandations pour le TDAH des adultes”. Les intervenants ont indiqué que des études scientifiques permettent de mesurer l’efficacité de certaines interventions, mais pas de toutes. 

La HAS précise toutefois dans sa note de 2021 : “Le diagnostic de TDAH chez l’adulte a un effet thérapeutique en soi par le soulagement qu’il procure à l’intéressé et à son entourage, effet parfois suffisant, de sorte que ce diagnostic ne doit pas conduire systématiquement à un traitement pharmacologique”, c’est à dire la prescription d’un médicament. 

La psychoéducation

La psychoéducation, ou éducation thérapeutique du patient, consiste à recevoir des informations sur les particularités du fonctionnement TDAH  et les moyens de mieux vivre avec le trouble au quotidien. “Parmi les interventions psychosociales, la plus importante est l’éducation du patient et de sa famille sur ce qu’est le TDAH, son impact sur un individu et quelles interventions sont disponibles pour un traitement efficace”, indique le Guide publié par la Fédération mondiale pour le TDAH. 

Ce manuel expose (page 59) les cinq informations importantes pour celles et ceux qui souhaitent une psychoéducation sur leur TDAH. Il est rédigé pour les professionnels et utilise un vocabulaire parfois compliqué. Toutefois, on y apprend par exemple que les personnes avec un TDAH “se concentrent bien dans quelques situations, mais pas dans beaucoup d’autres”, avec une description parlante de ces situations. 

La psychoéducation permet d’améliorer la connaissance que nous avons de notre propre façon de recevoir et de traiter l’information, de réfléchir et d’agir. C’est ce qu’on appelle la métacognition. Quand on comprend mieux la manière dont on interagit avec le monde extérieur, on peut éviter des situations qui nous mettent dans l’embarras, on peut anticiper nos difficultés. Par exemple, si on prend conscience qu’il est compliqué pour nous d’estimer le temps nécessaire pour réaliser une tâche, alors on peut trouver des parades. On peut notamment faire cette tâche une première fois en déclenchant un minuteur, pour être moins surpris la fois suivante. 

Les programmes de psychoéducation proposés en France sont des adaptations de ceux publiés en anglais par des chercheurs, américains ou britanniques. Chaque équipe, à l’hôpital ou en cabinet libéral, réalise sa propre adaptation. A ce jour, il n’existe pas de programme validé par la communauté scientifique traduit en français. Selon les structures, le programme est conçu pour être suivi seul avec un thérapeute ou en groupe, avec d’autres personnes concernées.

Un programme de psychoéducation au TDAH en groupe, conçu en 2023 par Marie-Aude Cham, psychiatre au Centre d’addictologie de l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, est disponible en accès libre. Les documents sont destinés aux professionnels mais on trouve dans la séance 4 et les suivantes de nombreux conseils pratiques, par exemple pour mieux gérer son argent. On peut télécharger sur le site du Centre ressource réhabilitation la présentation pour les participants, ou le livret pour l’animateur

Les thérapies

Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) agissent sur les pensées, les émotions et les comportements de la personne. Des programmes et outils de TCC ont été adaptés pour le TDAH. Ces thérapies ont montré une efficacité sur les symptômes de ce trouble. 

Les thérapies émotionnelles, par exemple, sont utiles pour apprendre à nuancer ses émotions et à mettre en place des stratégies adaptées en fonction de leur intensité.

La technique de la remédiation cognitive est parfois proposée en complément des thérapies, voir à ce propos notre page La santé mentale avec un trouble du neurodéveloppement.

Les médicaments

Un médicament, le méthylphénidate, peut être prescrit dans le TDAH chez les adultes depuis 2021 en France, dans le but notamment d’améliorer l’attention. Il s’agit d’un psychostimulant, c’est-à-dire d’une substance qui stimule l’activité mentale, la vigilance et l’attention. Sa structure chimique est proche de celle des amphétamines. 

Ce médicament est commercialisé en France pour les adultes sous les noms de Ritaline®, Medikinet®, Concerta®, ainsi que sous la forme de génériques. Il est proposé avec des dosages différents et sous plusieurs formes de libération, immédiate ou plus longue. 

Le médicament n’est à utiliser qu’après l’échec des autres traitements comme les conseils et une thérapie comportementale. Cette règle est énoncée sur la base de données publique des médicaments, dédiée au bon usage des produits de santé et mise en œuvre par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). En tapant “méthylphénidate” ou le nom commercial du médicament, on y trouve des informations de référence comme les notices contenues dans les boîtes, ou encore le résumé des caractéristiques du produit (RCP), avec des informations complémentaires comme les contre-indications. 

On lit ou on entend parfois que le médicament doit être la première intervention dans le TDAH chez l’adulte. En fait, certains psychiatres font le choix de proposer d’abord un médicament à leur patiente ou patient, en se référant à des recommandations publiées par les autorités sanitaires d’autres pays, même si cette pratique ne correspond pas aux principes en vigueur en France.

La rédaction de la revue médicale indépendante Prescrire a passé en revue, en 2022, les études scientifiques portant sur la Ritaline® à libération prolongée (LP). Elle conclut à une “balance bénéfice-risques incertaine”. Côté bénéfices : “chez les patients adultes gênés par des troubles de déficit de l’attention avec hyperactivité, le méthylphénidate semble réduire certains symptômes”. Côté risques : “ce psychostimulant expose aux effets indésirables des amphétaminiques, notamment des effets indésirables cardiovasculaires et neuropsychiques graves. Dans les essais [de la Ritaline® LP], les patients ont été suivis un an au maximum, ce qui est insuffisant pour évaluer le risque d’hypertension artérielle pulmonaire et d’atteintes des valves cardiaques”.  

En cas de désir d’enfant ou de grossesse, il est préférable d’envisager une alternative au méthylphénidate, selon le Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT). En effet, une faible augmentation de la fréquence de malformations cardiaques a été observée chez les enfants de femmes ayant pris du méthylphénidate durant le premier trimestre de la grossesse, comme l’indiquent les RCP de ce médicament.

D’autres accompagnements

Les groupes de parole permettent de se soutenir entre personnes concernées. TDAH-France organise des groupes de soutien par les pairs pour les adultes avec TDAH, en visio, animés par des bénévoles de l’association, le mardi et le jeudi

L’association TDAH Partout Pareil a ouvert un groupe privé sur Facebook dédié aux adultes TDAH, pour du soutien et des échanges entre pairs. D’autres groupes privés ont été créés sur Facebook à l’initiative de personnes concernées, tel que TDAH adultes France Belgique et Suisse, groupe dédié à “l’entraide et la valorisation de nos points forts et qualités”.

Certaines équipes à l’hôpital ou des professionnels de la santé mentale proposent des séances de méditation en pleine conscience adaptée au TDAH avec la possibilité, par exemple, de faire des exercices en mouvement au lieu de rester immobile.

Des stratégies pour s’aider soi-même

Il n’y a pas deux TDAH semblables, deux personnes TDAH semblables. Voici cependant une sélection de stratégies utilisées fréquemment par des adultes avec un TDAH pour faciliter leur quotidien et préserver leur santé mentale. Elles sont regroupées par type de difficulté.

Plus bas dans cet article, des applis ou des logiciels sont cités, afin que chacun puisse tester si cela lui apporte de l’aide ou non. Attention : il ne s’agit pas d’un banc d’essai. A chaque utilisateur de juger si l’appli citée lui paraît appropriée et de qualité. D’autres peuvent répondre aux mêmes besoins. Celles qui apparaissent ici sont gratuites. Pour permettre un choix éclairé, Psycom indique pour chaque appli s’il s’agit :  

  • d’une appli libre (conçue pour être partagée) et gratuite
  • d’une appli gratuite sans options payantes (le plus souvent développée par un organisme à but non lucratif)
  • d’une appli proposant un service de base gratuit avec un accès payant pour davantage de fonctionnalités (le plus souvent développée par une entreprise privée).

Les règles d’utilisation des données personnelles varient selon les applis.

Pour la difficulté à organiser sa journée

On peut :

  • planifier les tâches jour par jour, en estimant à l’avance le temps nécessaire pour une tâche et en réajustant la fois suivante si on s’est trompé
  • utiliser un agenda papier ou numérique et le consulter plusieurs fois par jour, afficher dans une pièce de la maison un calendrier de l’année complète, écrire sur ces supports avec des couleurs différentes (par exemple, les tâches pour la maison en bleu, pour le travail en violet, les loisirs en orange)
  • porter une montre pour mieux se repérer dans le temps, utiliser une horloge indiquant les 7 jours de la semaine, un sablier qui permet de “voir” le temps restant, un minuteur visuel (sorte de réveille-matin où la part colorée du cadran diminue à mesure que le temps s’écoule) ou une appli de gestion du temps
  • programmer des alarmes pour se rappeler un rendez-vous, une tâche à faire (par exemple sortir la poubelle de tri le bon jour de la semaine), scotcher des affichettes au mur ou coller des post-it comme pense-bête, déclencher des minuteurs 

Du matériel pour mieux vivre avec le TDAH : la liste d’objets pratiques pour le quotidien dressée par Lucile Hertzog, personne concernée. Pour éviter pertes et oublis d’objets (exemple une balise anti-perte ou tag, à attacher sur son trousseau de clés), organiser ses sacs (exemple un mousqueton pour accrocher sa gourde), gérer son temps (exemple le bracelet to-do list), apaiser son hyperactivité et son anxiété (exemple le casque anti-bruit), gérer sa prise de médicaments (exemple la bouteille pilulier), aménagements chez soi (exemple l’éclairage à détection de mouvements).

  • dresser des listes de choses à faire (une “to-do list”) à rayer au fur et à mesure, utiliser un tableau blanc effaçable ou une appli de gestion de tâches (par exemple l’appli mobile gratuite Todoist)
  • le soir, dresser la liste des choses qu’on a accomplies (une “done list”) pour voir où on en est et surtout, constater ce qu’on a réalisé, suscitant ainsi un sentiment d’efficacité personnelle 
  • donner ses instructions à un assistant vocal type Alexa, OK Google, Siri (utilisant les technologies de reconnaissance vocale pour répondre aux demandes formulées à voix haute), avec une enceinte connectée ou sur son téléphone, pour qu’il dresse des listes à notre place ou qu’il programme lui-même une alarme 

Une source d’inspiration : l’article où Petit Loutre, pseudo d’une personne avec autisme et TDAH, explique Comment Alexa, Siri ou OK Google peuvent soutenir ton quotidien. Elle-même a pris l’habitude de demander à son assistant vocal des services comme “Fais moi penser de rappeler la mairie dans une heure”, “Ajoute du lait sur la liste de courses”, “Lis-moi le planning de ma journée”. Elle explique aussi pourquoi parler à son enceinte, ça lui demande moins d’énergie que de noter par écrit. Pour d’autres tâches, Petite Loutre fait ses requêtes à une appli utilisant l’intelligence artificielle

  • se fixer des priorités, en notant pour chaque tâche si celle-ci est : urgente et importante, importante mais pas urgente, ni urgente ni importante (donc à laisser tomber !)
  • demander aux autres (à son supérieur hiérarchique, à un proche) de fixer des priorités parmi les différentes tâches à accomplir, d’indiquer ce qui leur paraît le plus important
  • choisir des systèmes de paiement automatique pour les factures qui reviennent régulièrement comme l’électricité ou le téléphone
  • passer en revue chaque jour le courrier ou les courriels reçus et jeter ceux dont on n’a pas besoin

Un outil pour apprendre à mieux s’organiser :  un cahier d’exercices à faire soi-même, “gérer mes tâches et mener mes activités”, proposant plusieurs méthodes. On s’entraîne par exemple à préparer un repas de Noël en calculant à quelle heure il faudra mettre le plat au four. Cahier réalisé en 2023, à télécharger sur le site de l’association de partage des connaissances en neuropsychologie Raptor Neuropsy

  • pour mener un projet jusqu’au bout et savoir où on en est, utiliser un logiciel de gestion de projet qui permet d’organiser les tâches sous forme de tableaux, de cartes, avec des dates de réalisation et des rappels automatiques à chaque étape, des listes “A faire”, “En cours”, “Terminé” (par exemple la version gratuite de Trello)

Pour la difficulté à organiser son espace à la maison ou au travail

On peut : 

  • s’efforcer de ranger les choses toujours à la même place, pour créer des routines et fonctionner en mode automatique (plus économe en énergie)
  • s’équiper de paniers, de tiroirs, de boîtes
  • mettre des étiquettes indiquant le contenu et utiliser des codes couleurs

Pour la difficulté à se lancer, la procrastination

On peut : 

  • décomposer une tâche qui paraît longue et difficile en une série de petites tâches moins exigeantes, en prévoyant des pauses. Cela permet de se lancer grâce à une première tâche facile à réaliser, au lieu de rester paralysé comme si on se trouvait au pied d’une montagne impossible à gravir
  • proportionner la tâche en fonction du niveau de difficulté qu’elle représente pour soi, et se fixer un objectif de temps plutôt que de quantité. Par exemple, si j’ai du mal à écrire un texte, je me donne comme objectif d’écrire pendant seulement 5 minutes
  • se fixer une date limite pour réaliser une tâche
  • trouver une personne prête à encourager, à fixer des échéances, auprès de qui on s’engage à tenir nos objectifs. Cette personne peut être un collègue, un ami, une autre personne TDAH. 

Pour la difficulté à rester concentré dans la durée

On peut : 

  • bouger régulièrement, se lever si on travaille assis à son bureau
  • identifier les sources de distraction (des sons comme la conversation des voisins, un spectacle devant nos yeux comme les passants, les notifications sur le téléphone, des pensées dans notre tête) pour pouvoir les neutraliser au moment de se concentrer, par exemple en tirant le rideau devant la fenêtre ou en mettant le téléphone sur mode avion
  • si on ne souhaite pas éteindre son téléphone, utiliser une appli destinée à éviter de se disperser quand on essaie de travailler (par exemple l’appli mobile gratuite Forest, qui consiste à planter une graine virtuelle et avoir la satisfaction qu’un arbre pousse tant qu’on ne sort pas de l’appli pour consulter ses messages)

Un outil pour améliorer ses capacités d’attention : le cahier d’exercices à faire soi-même “pour me concentrer et me focaliser au quotidien”. On peut s’entraîner par exemple à rester concentré sur le contenu d’une vidéo, alors qu’on a volontairement ajouté dans la pièce des sons parasites comme de la musique ou la radio. Cahier réalisé en 2022, à télécharger sur le site de l’association de partage des connaissances en neuropsychologie Raptor Neuropsy

  • utiliser la technique Pomodoro, avec une appli qui permet de programmer un timer pour des sessions de travail ou de révisions de 25 minutes, suivies de 5 minutes de pause (la durée est ajustable selon sa capacité de concentration)
  • canaliser ses pensées, le bouillonnement de son cerveau, notamment le soir, en utilisant la capacité d’hyperfocalisation (concentration intense sur une tâche plaisante) liée au TDAH, en regardant un film, en se plongeant dans un livre, un podcast, un jeu vidéo

Tous les soirs j’écoute la même émission, pour rester sur les rails et réussir à m’endormir

Lucas, dans la vidéo Le TDAH de mes potes (Psycom)

Parfois je m’enlise jusqu’à la paralysie totale, alors je fais quelque chose qui coupe complètement mon cerveau, comme un jeu vidéo, avant de me remettre dans l’action

Florent, dans la vidéo Le TDAH de mes potes (Psycom)

Pour la tendance à vite s’ennuyer

Et le besoin de stimulation et de nouveauté, on peut :

  • choisir un métier multi-tâches
  • aller vers les tâches qui nous font envie, en cherchant toutefois un équilibre entre le besoin de liberté et la prise en compte des contraintes de nos vies professionnelle et privée, comme le dit Marin (vidéo Psycom Le TDAH de mes potes) : « Ce qui nous motive, c’est de faire ce qu’on veut »

Pour l’impulsivité

On peut : 

  • pour gérer son argent, établir un budget à l’avance et faire un suivi
  • au lieu de payer avec la carte bleue, préférer les espèces en retirant des billets une fois par semaine, ce qui permet de voir l’argent qui reste
  • s’entourer de personnes stables, posées, comme le fait Lucas : « [Nous les personnes avec un TDAH], on a tous un ami qui est un grand calme » (vidéo Psycom Le TDAH de mes potes)

Pour la difficulté à être en relation avec les autres

On peut :

  • trouver des stratégies pour rester attentif lorsqu’une autre personne parle (par exemple essayer de se mettre à sa place pour mieux suivre son raisonnement), éviter de lui couper la parole et si on l’a fait, l’admettre au lieu de s’en défendre
  • inventer des stratagèmes dans son couple, un geste choisi à deux par avance pour capter l’attention de celle ou celui qui est TDAH (par exemple, quand tu veux que je t’écoute, tu me prends par les épaules et tu me secoues – en douceur – jusqu’à ce que je te regarde)
  • reconnaître ses maladresses, plaisanter à ce sujet avec les autres en pratiquant l’autodérision  (en disant par exemple, je suis à l’ouest, je suis à côté de la plaque)
  • apprendre à s’excuser, à dire « je suis désolé » et expliquer, quand on le peut, l’origine de notre manque d’attention (par exemple, je perds le fil car il y a trop de personnes qui parlent en même temps autour de nous)
  • annoncer ses difficultés à l’avance, pour éviter de blesser la personne (par exemple, je ne suis pas capable de retenir ton prénom) et si possible, lui apporter une solution (si tu veux bien me redire ton prénom chaque fois qu’on se voit, je finirai par m’en souvenir)
  • communiquer sur ses limites et ses besoins, les énoncer au lieu de chercher à les cacher
  • quand on souhaite entretenir une relation dans la durée, se noter dans son agenda de prendre des nouvelles de la personne à un rythme régulier (par exemple téléphoner chaque dimanche soir)
  • apprendre les codes sociaux (par exemple dire bonjour et au revoir) comme on apprendrait une langue étrangère et les appliquer même si cela n’a pas de sens pour soi, à condition toutefois que cela ne soit pas source de souffrance 

Une source d’inspiration : les témoignages et conseils des participants au webinaire organisé en 2024 par le centre d’excellence autisme et troubles du neurodéveloppement iMind sur le thème L’impact du TDAH dans les relations sociales, réalité et solutions. Pauline Bédé, personne diagnostiquée TDAH de type inattentif à l’âge adulte, y converse avec Pierre Oswald, psychiatre au CH Jean Titeca de Bruxelles (Belgique).

Autre source d’inspiration : la discussion entre amis dans la vidéo Psycom Le TDAH de mes potes (2024). Quatre personnes se livrent sans tabou sur l’impact du TDAH dans leur quotidien, ainsi que la façon dont ils et elle préservent leur santé mentale. Cliquer ci-dessous pour lancer la vidéo : 

Pour les facilités, car oui il y en a avec le TDAH

On peut : 

  • se rappeler que le TDAH, ce sont aussi des aptitudes particulières qui peuvent être bénéfiques à la santé mentale, par exemple le goût pour la nouveauté, l’enthousiasme
  • apprendre à valoriser ses points forts liés au TDAH auprès des autres, que ce soit au travail, en famille, auprès de ses amis, par exemple la capacité à prendre rapidement des initiatives là où d’autres réfléchissent longtemps avant d’agir, la créativité, la capacité à s’absorber totalement dans une tâche au point d’en perdre la notion du temps (hyperfocalisation)

Des ressources dédiées

Certains hôpitaux tels que des CHU ou des hôpitaux psychiatriques proposent des consultations ou des programmes dédiés aux adultes avec un TDAH. 

Les Centres de réhabilitation psychosociale ne reçoivent pas de personnes ayant seulement un diagnostic de TDAH. Par contre, des personnes avec un TDAH ayant en plus un diagnostic de trouble psychique sévère ou d’autisme peuvent demander à y être pris en charge.  

A Bastia (Corse), le centre hospitalier a créé une unité recours TDAH pour l’évaluation et le suivi des adultes, sous la responsabilité de la psychiatre Laurence Bonelli, avec l’infirmière en pratique avancée (IPA) Mélanie Guagenti.

A Lyon, le centre hospitalier Le Vinatier à Bron propose un suivi pour les adultes avec l’Equipe de Coordination Lyonnaise des troubles de l’Attention et de l’Hyperactivité (ECLAH), sous la responsabilité du psychiatre Hugo Prunier.

A Paris, le GHU Paris Psychiatrie propose un suivi pour les adultes avec TDAH dans le Service Troubles du neurodéveloppement chez l’adulte (STNDA), sous la responsabilité du psychiatre Hassan Rahioui.

A Paris, l’hôpital de la Pitié Salpêtrière propose une consultation TDAH dans le service de psychiatrie adulte, sous la responsabilité de la psychiatre Anne-Claret Tournier.

A Paris, l’hôpital Lariboisière-Fernand Widal propose des consultations dédiées au diagnostic de TDAH dans un contexte d’addictions, assurées par le psychiatre Romain Icick dans le département de médecine addictologique

A Strasbourg (Bas-Rhin), le CHU propose des programmes pour les adultes TDAH dans le Centre ambulatoire pour les troubles affectifs, alimentaires, attentionnels et de la régulation des émotions du CHU de Strasbourg (CAREST), sous la responsabilité du psychiatre Sébastien Weibel. 

Cliquer ci-dessous pour accéder à l’offre d’accompagnement gratuite en psychoéducation identifiée par Psycom en France, à l’été 2024. 

A Paris : Programme en 7 séances à l’hôpital de jour STNDA (14 cité Falguière, Paris) sous la responsabilité de la psychiatre Isa Linarès, rattaché au Service des Troubles du Neuro-Développement chez l’Adulte (STNDA) du GHU Paris Psychiatrie, pour les personnes ayant reçu un diagnostic de TDAH et habitant l’Ile-de-France, sur courrier du psychiatre, en groupe de 8 à 10 personnes.

A Paris : programme de 8 semaines incluant des séances de méditation en pleine conscience à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dans la consultation TDAH sous la responsabilité de la psychiatre Anne Claret-Tournier.

A Strasbourg (Bas-Rhin) :  groupe de psychoéducation pour le TDAH de l’adulte ATTESTIME en visio ou en présentiel, au centre Carest du CHU, abordant les connaissances sur le TDAH et l’estime de soi.

Par ailleurs, il existe des GEM, pour Groupes d’entraide mutuelle, spécifiques à l’autisme, TDAH et autres troubles du neurodéveloppement (TND). Les personnes avec TDAH sont également les bienvenues dans les GEM dits mixtes, c’est-à-dire ouverts à la fois aux personnes avec un TND et aux personnes avec un trouble psychique. 

Les GEM sont des associations portées par des personnes concernées, avec l’aide d’animateurs salariés. Les GEM, qui reçoivent des fonds publics, proposent un lieu de rencontres et des activités artistiques ou de loisirs. Il existe au moins un GEM par département, voir notre carte de France.

Cet article a été rédigé par Estelle Saget (Psycom).

Ont été sollicités pour cet article : Isabelle Amado, psychiatre, responsable du Centre ressource en remédiation cognitive, rétablissement et réhabilitation psychosociale (C3RP) pour Paris-Nord ; Mathieu Cerbai, neuropsychologue, coordinateur de formations au Centre universitaire support de remédiation cognitive et rétablissement (CURe) Grand-Est Lorraine à Laxou, près de Nancy (Meurthe-et-Moselle) ; Caroline Demily, professeur de psychiatrie, cheffe du pôle Autisme neurodéveloppement et inclusion au centre hospitalier Le Vinatier à Bron, près de Lyon, et coordonnatrice du Centre d’Excellence Autisme et TND iMIND ; David Masson, psychiatre, responsable médical du CURe Grand Est Lorraine à Laxou ; Petite Loutre (pseudonyme), blogueuse, personne concernée ayant reçu des diagnostics tardifs de TSA, TDAH, dyspraxie et trouble anxieux généralisé ; Philippe Schilliger, médecin et rédacteur pour la revue médicale indépendante Prescrire ; Hassan Rahioui, psychiatre, chef du service Troubles du neurodéveloppement chez l’adulte (TNDA) au GHU Paris-psychiatrie.

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Isabelle Amado a reçu des rémunérations entre 2020 et 2022 des laboratoires pharmaceutiques Lundbeck, Jansenn-Cilag et Otsuka pharmaceuticals, pour des interventions à des formations ou des manifestations. Elle est membre fondatrice de l’Association Francophone de Remédiation Cognitive.

Mathieu Cerbai est président de l’association Raptor Neuropsy, dédiée à la vulgarisation des connaissances scientifiques en santé mentale. Il n’a pas reçu de rémunérations entre 2020 et 2022 d’entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé.

Caroline Demily a reçu des rémunérations entre 2020 et 2022 des laboratoires pharmaceutiques Orphalan SAS, Zogenix international, Janssen-Cilag, Bioprojet Pharma, en tant qu’experte et pour des interventions dans des congrès. 

David Masson a reçu des rémunérations entre 2020 et 2022 des laboratoires pharmaceutiques Boehringer, Esaï, Janssen-Cilag, Otsuka, et du fabricant de matériel médical Medtronic, pour des interventions à des formations ou des manifestations.

Petite Loutre a créé Le blog de Petite Loutre, consacré à l’autisme et au handicap. Elle est par ailleurs travailleuse sociale et consultante en insertion professionnelle. Elle déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Philippe Schilliger a déclaré, en septembre 2024 : “je déclare ne pas avoir de lien d’intérêt avec des firmes de produits de santé”. Cette déclaration a, comme celles des autres experts sollicités, été vérifiée par Psycom sur la base Transparence santé du Ministère de la Santé. 

Hassan Rahioui n’a pas reçu de rémunérations entre 2020 et 2022 d’entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé. Il est membre de la Commission de la réforme du financement de la psychiatrie, auprès de la DGOS au ministère de la Santé. 

Estelle Saget déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Ces déclarations peuvent être vérifiées sur la Base Transparence Santé du Ministère de la Santé.

Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat entre Psycom et Santé publique France.

NOS SOURCES