Les rituels
Pratiquer un « rituel » avant de se coucher consiste à accomplir chaque soir les mêmes gestes dans le même ordre. Cela peut rendre l’endormissement plus facile chez certaines personnes. Il peut s’agir de fermer les volets, de prendre une douche fraiche (pour faire baisser la température de son corps) de se mettre en pyjama, de s’étirer, d’écouter de la musique relaxante, de remettre de l’ordre dans sa chambre, de préparer ses vêtements ou de noter les tâches prévues pour le lendemain.
On peut installer, en plus, un rituel au moment du réveil. Cela permet d’avoir les idées claires plus rapidement. Comme tous les rituels, celui-ci renforce le sentiment de sécurité, favorable au sommeil. Il peut s’agir de boire un verre d’eau ou de tous les autres gestes qui nous permettent de sortir progressivement du sommeil.
L’exposition à la lumière
S’exposer à la lumière du jour est essentiel pour bien dormir. Le rôle de la lumière dans la régulation de notre horloge interne, qui commande les rythmes de notre corps (ou rythmes circadiens), est désormais bien établi. Chaque jour, cette horloge se remet à l’heure grâce à la luminosité qui arrive par la rétine jusqu’à notre cerveau.
Sortir le matin et s’exposer à la lumière permet de lui donner ce signal. Une marche ensoleillée, même courte (30 minutes), suffit.
A défaut, et si notre budget le permet, une séance de luminothérapie peut jouer ce rôle. Des études ont montré des effets sur la synchronisation des rythmes circadiens et la stabilisation des rythmes veille-sommeil. Cette technique consiste à s’exposer le matin, chez soi ou au bureau, à la lumière blanche intense émise par une lampe d’un type particulier, pendant une durée d’environ une heure. Elle est cependant déconseillée chez les personnes présentant certaines pathologies de l’œil.
D’autres techniques
D’autres techniques ou astuces ont montré certains effets, bien que moins marqués, sur l’insomnie. On peut les essayer et juger si elles améliorent ou non notre sommeil.
L’utilisation de certaines plantes en infusion peut sans doute aider à s’endormir, mais les études scientifiques manquent pour établir leur efficacité. La valériane est celle qui a fait l’objet du plus grand nombre d’études. La passiflore, la verveine ou la fleur d’aubépine sont aussi connues pour leurs propriétés relaxantes, selon la brochure Sommeil et nutrition de l’INSV.
J’ai longtemps essayé plein de trucs pour lutter contre les insomnies, des trucs de médecines alternatives, le yoga, les huiles essentielles, l’homéopathie… Mais rien n’y a fait. Le seul truc qui fonctionne pour moi c’est la lecture. Généralement, de 22h à 23h30, le soir avant de m’endormir, je lis. Donc quand je me réveille dans la nuit, je fais d’abord une trentaine de minutes d’exercices de respiration appris au yoga, puis je reprends mon bouquin jusqu’à la fin du cycle de deux heures.
Gilou
Le CBD, ou cannabidiol, est l’une des substances contenues dans le cannabis. Le CBD est aujourd’hui en vente libre. Dans l’insomnie, son efficacité n’est pas établie. « La littérature scientifique n’apporte pas de preuve suffisante, donc dans le réseau Morphée, nous ne le recommandons pas », explique Sylvie Royant-Parola. Le CBD a cependant un effet démontré dans le traitement des douleurs et un effet – assez modeste – dans l’anxiété. « Le CBD est-il bon pour traiter les insomnies : oui, mais uniquement chez les personnes souffrant de douleurs ou d’anxiété », affirme de son côté Pierre Philip. Il ne fait absolument rien sur le sommeil des autres ».
L’utilisation d’une couverture lestée, à acheter ou à fabriquer soi-même, est parfois proposée pour favoriser le sommeil. Des billes ou des granulés sont intégrés dans la couverture pour la rendre plus lourde et susciter un effet apaisant. « Des travaux scientifiques montrent que, chez certaines personnes anxieuses, la couverture lestée peut les aider à dormir, indique Sylvie Royant-Parola. D’autres, au contraire, ne supportent pas du tout la sensation de poids. » En raison de la pression exercée sur le corps, cette couverture est contre-indiquée dans certaines pathologies comme des problèmes articulaires ou respiratoires.
Les médicaments
Si l’approche par les thérapies comportementales et cognitives (TCC) n’est pas assez efficace, la personne peut discuter avec son médecin pour décider, ou non, de prendre des médicaments, selon la recommandation de bonnes pratiques de la société savante européenne du sommeil, European Sleep Research Society, publiée en 2023.
La durée du traitement ne devra pas dépasser 4 semaines dans la plupart des cas, pour éviter que le corps s’y habitue ou qu’il devienne dépendant du médicament, selon cette société savante. L’augmentation des doses en cours de traitement n’est pas conseillée.
Les hypnotiques
Les hypnotiques, également appelés somnifères, sont utilisés pour traiter l’insomnie. Il s’agit aussi principalement de benzodiazépines (ou apparentés) et de certains antihistaminiques.
Les benzodiazépines ne sont efficaces que sur une courte durée, quelques jours à quelques semaines. Au-delà, leur efficacité diminue et on s’expose à un risque de dépendance physique et psychique, comme expliqué sur notre page dédiée aux médicaments.
Les antihistaminiques ne sont pas recommandés pour le traitement de l’insomnie par la société savante européenne du sommeil, European Sleep Research Society, en raison de preuves insuffisantes quant à leur efficacité et d’effets indésirables possibles.
La mélatonine
La mélatonine est une hormone secrétée par le cerveau, qui informe l’organisme de l’alternance jour-nuit. Elle est aussi fabriquée de manière artificielle et proposée sous forme de médicament. Celui-ci est utilisé pour recaler l’endormissement chez des personnes où il est très retardé, ou bien pour son effet soporifique, comme l’explique la Dre Sarah Hartley, médecin coordonnateur au Réseau Morphée, dans sa vidéo Mélatonine, quand, pour qui et comment.
Ce médicament peut être prescrit par un médecin (et remboursé par l’Assurance maladie) chez les enfants et adolescents de 2 à 18 ans dans le cas de troubles du spectre autistique ou de syndrome de Smith-Magenis. Il peut également être prescrit (mais non remboursé) dans l’insomnie chez les personnes de plus de 55 ans. La mélatonine est également disponible sans ordonnance, en tant que complément alimentaire, à un dosage plus faible (moins de 2mg).
Qu’en est-il de son efficacité ? La société savante européenne du sommeil, European Sleep Research Society, indique que la mélatonine peut être recommandée dans certains cas chez les personnes de plus de 55 ans, sous la forme à libération prolongée.
« Chez les adultes, l’efficacité de la mélatonine est très modeste, résume Sylvie Royant Parola. La mélatonine est efficace chez les enfants qui rencontrent des problèmes de rythme du sommeil. Chez les personnes âgées, ça peut être intéressant quand des problèmes de rythme circadien [l’horloge biologique qui règle l’alternance veille/sommeil] réapparaissent. »
De son côté, la revue médicale indépendante Prescrire qualifie « d’incertaine » son efficacité pour favoriser le sommeil. Par ailleurs, cette molécule expose à des effets indésirables « notables » tels que somnolence, anxiété, éruptions cutanées et troubles digestifs, précise la rédaction dans son article de 2018.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a recommandé à plusieurs catégories de personnes de ne pas consommer de mélatonine ou de demander l’avis d’un médecin. Il s’agit notamment des femmes enceintes et allaitantes, des personnes souffrant de maladie inflammatoires, auto-immunes, d’épilepsie, d’asthme, de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité.
Vers qui se tourner
La ou le médecin généraliste peut établir, ou non, le diagnostic d’insomnie. Pour cela, elle ou il pose des questions sur les problèmes de sommeil et leurs répercussions, comme l’explique l’article de l’Assurance Maladie. Elle ou il peut ensuite orienter la personne vers un médecin neurologue ou une consultation spécialisée dans les troubles du sommeil.
Si on cherche une consultation spécialisée, on peut utiliser la carte interactive de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) pour trouver la plus proche de son domicile. La carte recense les structures équipées pour la prise en charge des troubles du sommeil, où exercent des médecins spécialistes ayant obtenu leur diplôme interuniversitaire (DIU) “sommeil et ses pathologies”. On y trouve notamment les “centres du sommeil” agréés par la société savante dédiée au sommeil, la Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil (SFRMS).
Pour les habitants de l’Ile-de-France seulement, le réseau Morphée, constitué en association à but non lucratif, réunit des professionnels de santé spécialisés dans les troubles du sommeil exerçant pour la plupart en libéral. Le réseau, financé principalement par l’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France, propose une orientation vers une professionnelle ou un professionnel en fonction du type de problème rencontré. L’orientation est gratuite, les honoraires du médecin sont à la charge du patient.