Trouble de la personnalité borderline

Mise à jour : 09/12/2024
Trouble de la personnalité borderline
Le trouble borderline se manifeste par des émotions débordantes et une forte impulsivité. Il est possible de s’en rétablir, grâce à des thérapies et du soutien.

Le trouble borderline, qu’est-ce que c’est ?

Le trouble borderline est également appelé “trouble de l’état limite” ou “trouble de la personnalité limite”. Il s’agit d’un trouble de la personnalité caractérisé par une instabilité émotionnelle qui dure dans le temps. Ces changements rapides d’état émotionnel peuvent se produire lorsque nous sommes seuls ou bien dans nos relations aux autres.

En voici les principaux signes, selon la Classification internationale des maladies (CIM-11) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) :

  • une grande difficulté à réguler ses émotions, c’est-à-dire qu’elles débordent la personne par leur intensité et leur durée,
  • une intensité et un besoin de fusion dans les relations menant à des situations chaotiques,
  • une image de soi oscillant entre les extrêmes, parfois au cours d’une même journée (par exemple, la personne se considère comme formidable et cinq minutes après sans aucune valeur),
  • une impulsivité pouvant conduire à des comportements dangereux pour soi (usage de drogues, auto-mutilations…).

Quand nos émotions se déchaînent

Si nous sommes concernés par un trouble borderline, nous ressentons les émotions de manière extrême. L’émotion arrive comme une vague puissante, renversant tout sur son passage. Elle peut très vite être remplacée par une autre. Nous allons par exemple passer de la joie intense à la tristesse immense, puis l’inverse.

Face à cette situation, nous adoptons le plus souvent des stratégies qui nous mettent en danger au lieu de nous aider. Nous faisons usage de drogues ; ou bien nous avons des rapports sexuels non protégés ; nous pouvons nous auto-mutiler ; notre détresse peut nous pousser à envisager une tentative de suicide. En plus de nous faire courir des risques, ces stratégies peuvent avoir pour conséquence d’éloigner notre entourage.

Ce sont principalement les relations aux autres qui provoquent les émotions extrêmes dans le trouble borderline. Ainsi, au début d’une relation amicale ou amoureuse, nous sommes connectés à l’autre et nous nous sentons en sécurité dans la relation. Néanmoins, dès que nous éprouvons ce sentiment de bien-être, nous nous inquiétons que cela puisse prendre fin. La peur d’être abandonné ou rejeté peut nous rendre agressifs envers l’autre. Nous pouvons aussi nous en vouloir de douter et nous faire du mal à nous-mêmes. 

Un soir, je vais mal, je voudrais que mon copain vienne, il ne peut pas. Je souffre tellement que je prends un anxiolytique pour me calmer, puis deux, puis trois, et finalement, beaucoup trop. Lorsqu'il m'appelle, je tiens des propos suicidaires. Inquiet, il me rejoint et me retrouve inconsciente sur le sol. Il appelle les pompiers qui m’emmènent aux urgences. Le lendemain, j'essaie de comprendre ce qu'il s'est passé mais mon copain, encore choqué, n’est pas en mesure d’en parler, il a besoin de temps. De mon côté, je panique et décide de retourner aux urgences car j'ai de nouveau des idées suicidaires. Finalement, je suis tellement désespérée que je fais une tentative de suicide dans le box des urgences. Depuis, j’ai appris à vivre avec le trouble borderline et je sais quoi faire en cas de mal-être.”

Julie (le prénom a été modifié)

Des événements qui paraissent anodins peuvent prendre une grande importance et déclencher chez nous des émotions intenses. Par exemple, un voisin qui ne dit pas bonjour contrairement à ses habitudes, un commerçant qui ramasse la monnaie posée sur le comptoir sans lever les yeux vers nous, un vendeur qui nous regarde de travers parce que nous sortons de la boutique sans rien acheter. Cela peut entraîner de la colère, de l’anxiété, de la tristesse, autant d’émotions fortes qui vont durer dans le temps.

Les périodes de répit, sans émotion intense, sont rares. De plus nous nous retrouvons fréquemment dans un état d’hypervigilance, c’est-à-dire que nous surveillons notre environnement en permanence, attentifs à un haussement de sourcils ou bien à un mot qui pourrait être interprété comme un jugement.

Des symptômes caractéristiques

Dans le trouble borderline, 9 symptômes peuvent être présents, selon la CIM-11 (voir ci-dessous le détail). Pour que le diagnostic soit posé, au moins 5 d’entre eux doivent se manifester de manière intense et durable.

Les symptômes peuvent être présents dès l’enfance ou l’adolescence, mais les professionnels de la santé mentale attendent le début de l’âge adulte pour poser le diagnostic. En effet, les signes pourraient être confondus avec des crises qui surviennent à l’adolescence puis disparaissent.

Deux personnes borderline peuvent ne pas se ressembler du tout. En effet, à partir des 5 symptômes requis (sur 9) pour aboutir à un diagnostic, médecins et chercheurs ont observé 126 combinaisons de symptômes possibles, soit autant de profils de personnes ayant un trouble borderline.

Parmi ces 9 symptômes, 4 concernent la personne elle-même :

  • Une dérégulation des émotions. La personne manifeste une hypersensibilité et ressent les émotions de manière exacerbée. Elle peut présenter de violents accès de désespoir, un sentiment aigü de solitude, des pics d’irritation ou d’anxiété. Ces sentiments peuvent basculer d’un coup, de la joie à la colère, de la tristesse profonde à la grande gaieté.
  • Une sensation de vide intérieur profond, douloureux et qui revient souvent, conséquence d’un manque d’estime de soi présent en permanence.
  • Une image et une perception de soi incertaine et changeante, pouvant passer d’un extrême à l’autre. La personne passe en quelques minutes d’une image très positive d’elle-même à très négative. Un mot, un geste, un regard suffisent à la déstabiliser. La personne ne se fie pas à ses propres ressentis et cherche chez les autres l’attitude adéquate à adopter face à une situation. Elle a une vision floue d’elle-même, presque flottante. Elle a du mal à avoir une continuité dans ses projets, valeurs et engagements.
  • Des accès de colère très intenses liés au problème de régulation des émotions. Les colères durent et se manifestent de manière de plus en plus rapprochée, si le trouble n’est pas repéré.

5 symptômes concernent les relations avec les autres :

  • Des relations aux autres instables, intenses et fusionnelles, qui mènent à des situations chaotiques. Cette instabilité coupe souvent court aux relations.

Mario Speranza, pédopsychiatre au Centre hospitalier de Versailles, utilise une image pour décrire ce symptôme : “Les personnes qui présentent cette caractéristique sont des brûlées vives de la relation. Elles n’ont pas confiance en l’autre tandis qu’elles ont un énorme besoin d’affection. La plupart du temps, elles ont vécu des violences majeures pendant l’enfance, d’ordre physique, sexuel ou psychologique, des négligences ou des événements difficiles comme la perte d’un parent ou des séparations répétées”, explique-t-il. Dès lors, la proximité avec quelqu’un est perçue comme source de danger potentiel. Elles développent de l’agressivité à l’égard de l’autre, en raison de la peur qu’elles ont de subir à nouveau des violences.

De plus, la personne perçoit son entourage de manière absolue, avec une grille de lecture binaire et sans nuances : untel, considéré comme un ami, sera pourvu de toutes les qualités possibles ; tandis que tel autre, quelle que soit son attitude, sera perçu comme distant ou indifférent, voire mal intentionné vis-à-vis de la personne concernée. Au début de la relation, l’autre est idéalisé. Très vite, il se retrouve dévalorisé.

  • Une crainte du rejet et de l’abandon. La personne est très attentive et réactive à l’attitude de celles et ceux qui l’entourent. Elle surveille toute manifestation, réelle ou imaginée, de rejet ou de fuite de la part de l’autre. Il peut s’agir du commentaire négatif de quelqu’un, d’une amie qui annule un rendez-vous, d’un amoureux qui arrive en retard, de l’impression d’avoir été regardé de travers.
  • Une impulsivité entraînant des comportements risqués pour la personne, comme les jeux d’argent ou les achats excessifs, les rapports sexuels non protégés ou précipités, l’usage de drogues, la consommation démesurée d’alcool ou de nourriture, la conduite dangereuse en voiture ou en moto.
  • Des pensées, des gestes ou des paroles suicidaires, de façon intense et sur une période longue. L’agressivité contre soi-même peut prendre une autre forme : la personne peut s’automutiler, en se scarifiant l’intérieur des bras, le ventre ou les cuisses. Selon certains chercheurs, les automutilations serviraient à reprendre le contrôle face à des sentiments si intenses qu’ils en deviennent insupportables.
  • Des épisodes de dissociation. La personne éprouve un sentiment d’irréalité, ou bien elle a le sentiment de quitter son propre corps. On peut également connaître des épisodes d’hallucinations et de sentiments de persécution. Ces épisodes sont toujours liés aux relations entretenues avec les autres et ne durent jamais dans le temps.

Un trouble moins bien repéré chez les hommes

D’après les études scientifiques, il y aurait autant d’hommes que de femmes concernés par un trouble borderline. Pourtant, le diagnostic est plus souvent fait chez les femmes. D’abord, parce qu’elles consultent plus souvent. Ensuite, parce que les symptômes les plus fréquents chez elles, comme les automutilations et la dépression, sont plus spontanément associés à ce trouble dans l’esprit des professionnels de santé.

Chez les hommes, le trouble se manifeste davantage par une impulsivité importante, de l’agressivité qui conduit à des comportements violents. Autant d’attitudes qui sont plutôt interprétées comme des signes de déviance sociale, voire de délinquance. “Les hommes sont perçus comme colériques, ils font usage de substances illicites, et nombre d’entre eux finissent en prison, sans jamais avoir été diagnostiqués”, note Mario Speranza.

Les signes auxquels prêter attention

Le trouble borderline commence à se manifester à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Avec le temps, les symptômes d’impulsivité peuvent s’estomper. Pour autant, ce n’est pas une raison pour écarter le diagnostic.

Voici quelques signes qui doivent alerter, selon la psychiatre Anjali Mathur, du CHU de Toulouse : “Si vous sentez que vos émotions sont très fortes, peuvent changer rapidement et que vous tentez de les réguler en vous faisant mal physiquement, il est utile de consulter”.

Un geste impulsif, comme le fait de donner un coup de poing dans un mur, doit alerter.

“De même, précise Anjali Mathur, un sentiment de vide fréquent, le fait de ne pas supporter l’idée d’une possible séparation dans son couple ou en amitié, une difficulté à savoir qui on est, avec une vision de soi qui change souvent, tous ces indicateurs sont à prendre au sérieux.”

Quelques idées reçues sur le trouble borderline

A lire

“Le trouble borderline, ça n’existe pas”.

EN FAIT : il est entré dans la Classification internationale des maladies (CIM) en 1992. Le trouble borderline n’est pas facile à cerner car ses caractéristiques se combinent de façon différente d’une personne à l’autre. Par ailleurs, il est souvent accompagné d’autres troubles psychiques (comme le trouble de stress post-traumatique, les troubles addictifs) ou de troubles du neurodéveloppement (comme le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité TDAH, les troubles du spectre autistique). Aujourd’hui encore, il est souvent confondu avec le trouble bipolaire, les troubles anxieux ou dépressifs.

“Ce sont juste des manipulateurs qui veulent faire pitié”.

EN FAIT : on peut voir des intentions là où la personne se heurte en réalité à des difficultés psychiques qu’elle ne parvient pas à surmonter. “Les personnes concernées par le trouble borderline sont incapables de manipuler, affirme la psychologue Manon Beaudoin, de l’hôpital Tarnier à Paris. Au contraire, elles sont plutôt authentiques, entières, avec des difficultés à dissimuler.” Dans les moments de détresse émotionnelle, elles peuvent avoir des comportements impulsifs et autodestructeurs mais elles ne font pas du “chantage au suicide”, comme cela leur est parfois reproché. Elles sont démunies face à l’intensité de leurs émotions et peinent à trouver une autre manière de soulager leur détresse.

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Comment traiter le trouble borderline ?

Il est possible de se rétablir quand on vit avec un trouble borderline. Il existe maintenant plusieurs structures hospitalières en France qui prennent en charge les personnes concernées, ce qui n’était pas le cas avant les années 2010.

De plus en plus de psychiatres et de psychologues sont formés pour repérer ce trouble. Des groupes de parole se sont créés et des associations proposent leur aide.

Quand un autre trouble est associé

La particularité du trouble borderline est qu’il s’accompagne le plus souvent d’autres troubles, ce que l’on appelle des comorbidités.

Certaines comorbidités peuvent mettre la personne en danger – c’est le cas de la dépendance à une drogue ou de l’anorexie. Dans ce cas, le médecin proposera de traiter ce trouble en premier, avant le trouble borderline.

Dans le cas d’une dépression ou d’un trouble anxieux, le médecin proposera de traiter le trouble borderline en premier. En effet, c’est le trouble borderline qui génère ces autres troubles.

Les psychothérapies

La psychothérapie est l’approche la plus efficace, selon les études scientifiques disponibles. Trois types de psychothérapie, utilisés de longue date aux Etats-Unis, sont proposés en France depuis le début des années 2010, notamment à l’hôpital public :

  • La thérapie comportementale dialectique (TCD). Elle se pratique en groupe, avec en parallèle, un suivi par une thérapie individuelle. Plusieurs modules permettent d’apprendre à gérer ses émotions, renforcer ses capacités relationnelles et faire des exercices destinés à développer l’attention au moment présent. Il s’agit d’une combinaison de techniques issues des thérapies cognitives et comportementales, avec des pratiques de méditation.
  • La thérapie basée sur la mentalisation (TBM). Elle offre à la personne des outils pour se représenter ses réactions ou émotions et comprendre en quoi celles-ci sont disproportionnées par rapport au contexte. Ces outils permettent aussi à la personne de réaliser ce qui se passe dans la tête des autres, de mieux se figurer leurs intentions. Cette thérapie se fonde sur des notions issues de la théorie de l’attachement, de la psychologie développementale et des neurosciences cognitives.
  • La thérapie focalisée sur le transfert (TFP). Elle rend visibles les problèmes relationnels rencontrés par la personne dans son quotidien en les transférant dans la relation entre le patient et son thérapeute. Par exemple, si la personne se plaint de ne pas être bien considérée à son travail, la ou le thérapeute lui demande si elle a l’impression de ne pas être bien considérée depuis son arrivée dans le cabinet. L’objectif est que la personne prenne conscience de sa manière d’être et de faire, en relation avec son environnement, afin de faire évoluer son fonctionnement. C’est une thérapie inspirée de la théorie psychanalytique.

Le recours aux médicaments

Aucun traitement médicamenteux n’est validé scientifiquement pour le trouble borderline.

Cependant, les médicaments peuvent être utiles pour traiter certaines comorbidités. Ainsi, des traitements permettent de réduire l’anxiété ou de stabiliser l’humeur. Cela peut aider, dans certains cas, à entamer une psychothérapie pour le trouble borderline.

L’éducation thérapeutique

L’éducation thérapeutique, également appelée psychoéducation, est très importante dans le trouble borderline. Cela consiste à recevoir des informations sur le trouble, ses symptômes et les moyens d’y faire face, de la part de professionnels spécialistes de ce trouble. “Avec l’éducation thérapeutique, le patient devient expert de son trouble”, assure le pédopsychiatre Mario Speranza. “Il apprend à gérer ses émotions, lui et aussi sa famille, si celle-ci le souhaite”.

Pour la psychiatre Anjali Mathur, “la psychoéducation est un vrai soulagement pour les patients. Comme ils se jugent eux-mêmes très facilement et que leur environnement est souvent dur avec eux, ne validant pas leurs émotions, ils apprécient de savoir que leur souffrance a un nom, que leurs émotions existent, et qu’il y a des psychothérapies spécifiques”.

Quand je sens une émotion monter de manière ultra intense, je cherche un moyen de porter mon attention sur autre chose. Je prends deux ou trois glaçons dans ma main, ça me saisit. Ou je me concentre pour sentir la plante de mes pieds sur le sol. Ou alors je mets de la musique et je danse avec frénésie. Pour décharger ma colère, je peux même faire le tigre par terre, à quatre pattes, en rugissant. Ça me permet de faire retomber l'émotion.

Julie (le prénom a été modifié)

Rejoindre un groupe de parole

Plusieurs groupes de parole dédiés au trouble borderline ont vu le jour ces dernières années. L’idée est de ne pas rester seul avec des émotions intenses que l’entourage ne prend pas en compte ou pas au sérieux. Se sentir compris est une étape importante pour aller mieux.

Les groupes de parole encadrés par des professionnels de santé expérimentés, avec des règles claires, ont démontré leur efficacité. Le professionnel peut notamment intervenir si un participant éprouve de l’anxiété en entendant les autres exprimer leurs difficultés. Il peut aussi demander de ne pas donner de détails sur une situation de violence qui pourrait heurter les autres.

Il existe également des groupes dits “de compétence”, qui font partie de la thérapie TCD (voir plus haut). On y apprend des compétences à plusieurs, comme la pleine conscience, la régulation émotionnelle, la tolérance à la détresse et des manières d’interagir qui soient efficaces et agréables pour tous. Ces groupes peuvent aussi encourager la mentalisation, c’est-à-dire la capacité à reconnaître les émotions et les intentions des autres, ainsi que les nôtres.

S’aider par soi-même

Il est intéressant d’apprendre à mieux nous connaître pour réduire les moments où la tension monte. Voici quelques techniques qui peuvent nous y aider.

  • Tenir un journal des émotions dans lequel on consigne ce qui a déclenché la tension émotionnelle, sa durée et la stratégie employée pour en sortir.
  • S’envisager plus sereine ou plus serein dans le futur, en songeant par exemple à un métier qui nous plairait, à une relation amicale ou amoureuse satisfaisante, ou en réfléchissant à ce qui compte vraiment pour nous.
  • Porter un regard différent sur nos émotions. Au lieu de les voir comme des ennemies, on peut les considérer comme des alliées qui nous font passer des messages importants sur nos besoins. On peut alors se demander de quels besoins il s’agit. Elles peuvent même aider à développer la créativité et l’empathie, qualités souvent présentes chez les personnes concernées par un trouble borderline.
  • S’équiper d’une boîte, d’une caisse ou se réserver un tiroir pour les moments de détresse, dans lequel piocher des objets qui auront pour fonction d’apaiser, comme la lettre d’un proche, un doudou, une photo.
  • Lors des ascensions émotionnelles, se passer un gant d’eau froide sur le visage, prendre un ou deux glaçons dans nos mains, enfoncer nos pieds dans l’herbe, peindre, écrire, commencer une séance de méditation si on maîtrise cette technique.

J’ai passé trois jours chez ma grand-mère et ça m’a fait partir en vrille. Elle critiquait en continu la manière dont je ressentais les choses. J’ai senti une immense colère monter en moi et je l’ai dirigée contre ma petite sœur, qui n’y était pour rien, avant de m’apercevoir qu’il y avait une issue : m’en aller. Je suis rentrée chez moi et j’ai retrouvé la paix et la sérénité.

Julie (le prénom a été modifié)

Vers qui se tourner ?

Les Centres médico-psychologiques (CMP) sont des dispositifs de consultation publics et gratuits, quel que soit le trouble psychique.

Sur le site de l’Association française pour le trouble de la personnalité borderline, on trouve une liste des hôpitaux spécialisés et le type de prise en charge.

Il est également possible de consulter un psychiatre ou un psychologue en ville.

Vivre avec une personne concernée par le trouble borderline

Il est conseillé aux proches d’une personne concernée par un trouble borderline de s’autoriser à se recentrer sur eux, de montrer leurs limites et de les faire respecter, de dire non quand le besoin s’en fait sentir.

Les proches peuvent se renseigner pour mieux comprendre le trouble. Il est utile d’apprendre certaines techniques comme la validation empathique, qui consiste à “valider” l’expérience émotionnelle de la personne concernée par le trouble. Cela ne signifie pas être d’accord avec son interprétation de la situation, mais simplement admettre la réalité de ce que ressent l’autre.

Par exemple, le proche dira : « Je comprends que tu sois triste de ne pas avoir de nouvelles de cet ami depuis plusieurs semaines », au lieu de dire « tu penses que cet ami te fait la tête mais si ça se trouve, il est juste très occupé, il n’y a pas de quoi en faire toute une histoire ».

Dans cet esprit, on prendra soin d’éviter les petites phrases anodines en apparence, qui pourtant minimisent l’émotion de l’autre : “tu exagères”, tu pourrais faire autrement”, “tu n’as pas de volonté”.

Les proches peuvent viser un moment adapté pour communiquer avec la personne concernée, en dehors des épisodes difficiles, pour mieux se faire entendre. Ils peuvent aussi parler de leurs propres émotions, faire en sorte qu’elles ne soient pas un tabou.

L’association Connexions familiales propose un programme de formation pour les proches, mis en œuvre par des familles déjà expertes de ce trouble et des professionnels de la santé mentale. L’objectif est de pouvoir recevoir des informations actualisées sur le trouble borderline et d’acquérir des compétences relationnelles pour renouer le lien avec la personne.

Cet article a été écrit par Ana Waalder (journaliste indépendante spécialisée en santé) et Estelle Saget (journaliste à Psycom).

Ont été sollicités pour cet article : Julie (le prénom a été changé), personne rétablie de son trouble borderline ; Manon Beaudoin, psychologue exerçant à l’hôpital Tarnier à Paris et en libéral, à l’origine de l’Association française pour le trouble de la personnalité borderline ; Anjali Mathur, psychiatre au CHU de Toulouse, responsable de Borderlink, une unité comprenant infirmières, psychologue et psychiatres, proposant des groupes spécifiques pour le trouble de la personnalité borderline ; Mario Speranza, pédopsychiatre, chef du département universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au Centre hospitalier de Versailles et directeur de l’équipe “Psychiatrie du développement et trajectoires” du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP, Inserm et Université Paris-Saclay).

© Psycom – Tous droits réservés

Manon Beaudoin déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises œuvrant dans la santé mentale.

Anjali Mathur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec les firmes fabriquant des produits de santé.

Mario Speranza déclare n’avoir aucun lien d’intérêt avec une entreprise de santé sur la période de 2020 à 2023. Il est formateur aux psychothérapies citées dans l’article.

Ana Waalder déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Estelle Saget déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Ces déclarations peuvent être vérifiées sur la Base Transparence Santé du Ministère de la Santé.

Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat entre Psycom et Santé publique France.