Recommandations et ressources

Mise à jour : 28/10/2024
Recommandations et ressources
Le GPS Anti-Stigma est basé sur 6 critères inspirés de recommandations internationales de bonnes pratiques dans la lutte contre la stigmatisation en santé mentale. Vous trouverez ici : l’explication des enjeux de ces 6 critères, des conseils méthodologiques pour organiser vos actions anti-stigma et des ressources pour approfondir vos connaissances. Le GPS Anti-Stigma répond aux critères proposés par l'Organisation Mondiale de la Santé dans la boîte à outils MOSAIC pour agir contre la stigmatisation et la discrimination en santé mentale (2024).

Explication des critères du GPS Anti-Stigma

Les 6 critères proposés dans ce GPS Anti-Stigma sont inspirés de recommandations internationales issues d’études mesurant l’impact d’actions anti-stigma et de publications scientifiques sur ce sujet. Le GPS Anti-Stigma rejoint les critères proposés par l’Organisation Mondiale de la Santé dans la boîte à outils MOSAIC pour agir contre la stigmatisation et la discrimination en santé mentale (2024). Toutefois, il est bon de prendre un peu de recul dans la manière de les utiliser.

Au moment d’organiser une action, le fait de tenir compte de ces recommandations  augmente les chances que celle-ci produise un effet sur la stigmatisation. Ce n’est pas, pour autant, une garantie de résultat. A l’inverse, une action qui ne prendrait en compte aucun de ces critères aurait beaucoup plus de risque de rater son but ; quelles que soient les bonnes intentions à l’origine de cette initiative.

Chaque critère renvoie à des enjeux différents dans la lutte contre les idées reçues sur la santé mentale et la stigmatisation. Vous trouverez ci-dessous des explications de ces enjeux et des exemples pouvant vous inspirer.

Les enjeux pour chacun des 6 critères

  • Lors de la conception d’une action, il convient de partir du point de vue de personnes potentiellement victimes de stigmatisation. Sinon, le risque est grand de véhiculer, sans s’en rendre compte, les stéréotypes de la société. Leur point de vue servira de boussole tout au long de la construction de l’action.
  • Les personnes directement concernées par un trouble psychique sont à même de choisir les meilleures cibles pour une action, celles dont elles vivent le plus mal la stigmatisation et les discriminations. Il peut s’agir, par exemple, des entreprises ou des journalistes.
  • La parole des personnes stigmatisées est la plus légitime pour faire passer certains messages anti-stigma comme :
    • l’espoir de pouvoir aller mieux, la réappropriation du pouvoir d’agir sur sa vie, l’importance de l’entraide mutuelle
    • la singularité des parcours de vie, l’importance des liens sociaux, le fait que la personne ne se réduit pas à son diagnostic ou à sa maladie.

Toutes ces nuances individuelles viennent contredire, en elles-mêmes, la généralité des stéréotypes.

Il s’agit de mettre un visage sur une expérience psychiatrique, pour rompre avec la déshumanisation de l’étiquette qui enferme la personne et effraie autrui.


Liens pour s’inspirer :

  • Il s’agit de réaffirmer que les personnes directement concernées par un trouble psychique sont des citoyennes et des citoyens à part entière, et ainsi de lutter contre les conséquences de la stigmatisation, c’est-à-dire les discriminations.
  • Toutes les actions visant à améliorer le respect des droits des personnes vivant avec un trouble psychique, à dénoncer les abus discriminatoires, sont à promouvoir. L’inégalité de traitement, l’inégalité d’accès aux services de droit commun, la privation de certaines libertés, tout ceci participe à la construction d’une identité de « citoyen de seconde zone » qui se banalise peu à peu et entretient certaines représentations sociales négatives.
  • La promotion des droits doit pouvoir s’étendre au-delà de la défense des droits individuels des personnes. Elle doit s’inscrire dans les institutions et les systèmes, afin de rééquilibrer les rapports de pouvoir inhérents aux discriminations. Cela implique notamment de :
    • développer une offre de soins psychiatriques fondée sur les concepts de rétablissement et de réhabilitation ;
    • délivrer des soins psychiatriques majoritairement dans la communauté, c’est-à-dire hors de l’hôpital psychiatrique ;
    • développer des pratiques psychiatriques respectueuses des droits humains ;
    • intégrer le point de vue des personnes concernées à tous les niveaux ;
    • appuyer le recours systématique à la plainte en cas de maltraitance ou de discriminations.

Liens pour s’inspirer :

  • Advocacy France, une association pour accompagner les personnes usagères des services de santé mentale, des structures sociales et médico-sociales à accéder à la pleine citoyenneté
  • Un kit pédagogique pour mieux comprendre les droits en psychiatrie
  • La “Mad Pride”, une marche pour réaffirmer les droits des personnes concernées par un trouble psychique
  • Mieux connaître les possibilités de se rétablir d’un trouble psychique aide à ne pas réduire celui-ci à une étiquette diagnostique figée, à un état de santé mentale qui n’évoluerait pas.
  • Il s’agit de contrer les effets négatifs d’un pronostic fataliste : celui qui enferme la personne diagnostiquée dans des perspectives d’évolution réduites.
  • Parler de rétablissement diminue le risque, pour les personnes concernées, d’entrer dans le cercle vicieux de l’auto-stigmatisation.
  • Aborder le rétablissement lorsque l’on informe sur les troubles psychiques, c’est proposer une vision qui s’écarte des perceptions ancrées dans nos imaginaires collectifs : celles qui associent maladie psychiatrique avec chronicité invalidante, hospitalisation sous contrainte, traitements médicamenteux à vie.
  • Parler de rétablissement c’est aussi faire connaître des moyens concrets pour aller mieux, pour chercher de l’aide lorsque c’est nécessaire, aider son proche, ou développer des ressources pour anticiper des moments de crises par exemple.

Liens pour s’inspirer :

  • Les phénomènes de stigmatisation sont systémiques, c’est-à-dire qu’ils agissent à tous les niveaux de notre société, de nos institutions et de nos relations personnelles.
  •  C’est donc l’ensemble de la société qui doit prendre conscience de la stigmatisation et contribuer à agir contre la stigmatisation. Pour cela, il est plus efficace d’agir au niveau local, en mobilisant des acteurs et des institutions variées.
  • Les études internationales ont montré que les campagnes de communication de grande ampleur (par exemple à l’échelle nationale), quand elles sont ponctuelles, qu’elles portent un message généraliste et ne sont pas relayées localement sont inefficaces contre les idées reçues. D’où l’importance de réfléchir son action anti-stigma avec des partenaires installés et agissant sur un même territoire géographique.
  • La stigmatisation se développe sur un terreau de méconnaissances. Méconnaissances des troubles psychiques mais aussi des ressources locales pour soigner, accompagner, aider, défendre les personnes concernées. Un partenariat local permet de se rencontrer et d’échanger entre acteurs agissant dans ces différents domaines, de partager les visions, les savoirs mais aussi les pratiques.
  • Les conseils locaux de santé mentale (CLSM) sont des espaces de concertation et de coordination entre les équipes municipales, la psychiatrie, les représentants des usagers, les aidants et l’ensemble des professionnels d’un territoire. La lutte contre la stigmatisation et les discriminations est un de leurs objectifs. Le CLSM est donc tout à fait adapté pour mettre en œuvre ce partenariat de proximité territorial.

Liens pour s’inspirer :

  • On ne s’adresse pas de la même façon à des jeunes, des élus, des professionnels qui soignent et accompagnent, des journalistes.
  • Un message unique adressé au “grand public” aura peu de chances de faire évoluer des idées reçues bien ancrées dans l’imaginaire collectif.
  • Pour aider un public à prendre conscience des mécanismes de stigmatisation et en comprendre les enjeux, il faut proposer des messages sur mesure, dans un langage adapté et faisant référence à ses préoccupations.
  • Il est donc recommandé de préparer son action anti-stigma en définissant le plus précisément possible le public auquel on souhaite s’adresser.
  • Il est très difficile à chacun d’entre nous de modifier ses croyances, ses certitudes, ses attitudes. Car changer comporte des risques que chaque individu va soupeser au regard des bénéfices apportés par le changement.
  • Aussi, être actrice ou acteur de changement, agir contre les idées reçues à la base de la stigmatisation, nécessitent une approche pédagogique fine, donnant une large place aux échanges et à la discussion avec le public. Pour favoriser ces interactions, le cadre de ces médiations doit être pensé le plus possible “sur mesure”.

Liens pour s’inspirer :

  • Un hashtag# pour combattre les préjugés sur la psychiatrie auprès des internes en médecine.
  • Les médias sont des relais d’information incontournables. La plupart (presse écrite et en ligne, télévision, radio, réseaux sociaux, etc.) touchent une large audience, proposent des supports variés (documentaires, émissions, témoignages, dossiers d’actualité ou d’investigation, podcasts, etc.). Ils peuvent être présents au niveau local, régional ou national.
  • Cette force de diffusion est précieuse pour toucher les différentes strates de notre société, en particulier lorsque l’on veut bousculer les idées reçues.
  • Les médias sont aussi des vecteurs de représentations sociales, lesquelles ont une forte influence sur l’opinion publique.
  • Une collaboration étroite avec les journalistes devrait les amener à saisir le rôle positif qu’ils et elles peuvent jouer, en évitant de tomber dans les pièges de la stigmatisation et du sensationnalisme.

Liens pour s’inspirer :

Conseils méthodologiques pour développer une action de lutte contre la stigmatisation des troubles psychiques

Certains conseils méthodologiques peuvent s’appliquer aux actions organisées contre la stigmatisation des troubles psychiques. Ils sont valables pour tout projet de santé publique visant à faire évoluer les stéréotypes, les attitudes et les comportements.

La répétition des actions dans le temps 

Favoriser la répétition augmente l’impact sur les idées reçues, les attitudes et les comportements stigmatisants.

  • Il peut s’agir de répéter les interventions auprès d’un même public avec des actions différentes (ex : sensibiliser une même classe de collégiens, plusieurs fois dans l’année, avec des ateliers dont le contenu varie).
  • On peut aussi, si l’on recherche un effet de masse, répéter la même action auprès de publics différents sur un territoire donné (ex : sensibiliser les élèves dans tous les collèges d’un département).
  • Les deux types de répétition peuvent se combiner. 

Les modalités participatives de l’action

Une action de sensibilisation permettant la participation active du public ciblé aura plus d’impact sur les idées reçues, attitudes et comportements stigmatisants.

  • L’Arbre aux idées reçues est un dispositif créé par Psycom. Si cet arbre est installé sur une place, un jour de marché, par des membres d’un Groupe d’entraide mutuelle disposés à discuter avec les passants, l’action aura plus d’effet que si l’arbre y est dressé seul, sans personne pour l’animer.  
  • Une exposition photo commentée par des personnes vivant ou ayant vécu avec des troubles psychiques, prêtes à répondre aux questions des visiteurs, aura plus d’impact que la même exposition en accès libre, sans témoins avec lesquels interagir. 

Le bilan de l’action (moyens, processus, impact et efficacité)

La réalisation d’un bilan de l’action menée permet d’améliorer la réalisation de futures actions sur le même modèle.

  • Les organisateurs gagneront à mener ensemble une réflexion sur les moyens mobilisés et les processus de l’action, après sa réalisation, lors d’un échange formalisé.
  • Les moyens et processus de l’action peuvent être évalués au regard des critères du GPS Anti-Stigma, grâce au formulaire d’auto-évaluation.
  • L’action peut aussi être analysée à l’aide d’un questionnaire qualitatif et quantitatif (type et nombre de participants, retombées médias, retombées en terme de dynamique de partenariat au niveau local).
  • L’action peut être évaluée via un questionnaire de satisfaction des organisateurs et/ou du public.
  • A noter : évaluer l’efficacité réelle d’une action pour changer les idées reçues, les attitudes et les comportements stigmatisants est très compliqué du point de vue méthodologique. Cependant, on peut mesurer les croyances en certaines idées reçues et les intentions à changer d’attitudes avant et après l’action (à l’aide d’un questionnaire, de focus group ou de recueil de témoignages).
  • Des ressources locales existent pour accompagner la démarche d’évaluation d’une action de santé publique. Ne pas hésiter à les solliciter : Ireps, ARS, Fabrique des territoires, Associations de promotion de la santé, etc.

Ressources pour aller plus loin

Pour vous accompagner dans vos projets, des ressources et soutiens méthodologiques peuvent vous aider. 

*Critères rejoignant ceux proposés par l’Organisation Mondiale de la Santé dans la boîte à outils MOSAIC pour agir contre la stigmatisation et la discrimination en santé mentale.