[VU SUR LE WEB] Chacun connaît, aujourd’hui, les directives anticipées que l’on peut rédiger pour faire connaître par avance ses souhaits pour sa fin de vie. Elles sont prises en compte dans le cas où une maladie grave empêche la personne de communiquer. On commence seulement à entendre parler d’un autre type de directives anticipées, utilisées cette fois en psychiatrie.
Ces volontés sont rédigées pour le cas où la personne traverserait une crise durant laquelle il lui serait difficile de faire connaître ses besoins. “Une démarche encore trop rare”, a déclaré le ministre de la Santé François Braun lors de la journée d’étude qui leur a été consacrée le 16 novembre à Paris.
Durant cet événement public, organisé par 8 acteurs de la santé mentale (dont Psycom), plusieurs experts ont rappelé que l’existence de telles directives permet à la personne de mieux exercer ses droits. On peut y indiquer par exemple : “ce que je veux que l’on respecte si je suis hospitalisé”. Par ailleurs, ces directives diminuent le recours aux hospitalisations sans consentement. François Braun a souligné, précisément, leur intérêt dans la recherche du consentement du patient qu’il considère comme un des « fondements de la médecine ».
- Lire le compte-rendu de la journée par Yvonne Quénum, intervenante et infirmière chercheure, sur la revue Santé mentale
Peu répandues à ce jour, les directives anticipées en psychiatrie n’ont pas le même nom partout. Certaines structures les appellent “plan de crise conjoint”. On parle aussi de “directives anticipées psychiatriques” ou DAP, de “directives incitatives en psychiatrie” ou DIP, de “plan de prévention”. Ces appellations reflètent des différences dans les intentions, le moment et la manière d’utiliser ce document écrit. Les organisateurs de la journée ont choisi de les ranger toutes sous le titre “mesures d’anticipation en psychiatrie”.
Des travaux scientifiques ont porté sur l’efficacité des directives dans l’amélioration de la santé mentale des personnes concernées. L’une des études, publiée le 6 juin dans la revue de référence JAMA, a été menée en France auprès de 394 personnes. Après un an de suivi, le fait d’avoir rempli des directives en présence de médiateurs de santé pair avait réduit de plus de 30% les hospitalisations sans consentement. Cette démarche joue un rôle préventif : “La plupart des personnes qui ont rempli des directives au cours de l’étude n’ont pas eu à s’en servir”, remarque Aurélie Tinland, psychiatre à l’initiative de cette étude, sur le site de l’Assistance Publique Hôpitaux de Marseille (APHM).
- Lire l’article sur le site de l’APHM
On peut rédiger ces directives seul, avec une personne de son entourage, avec une médiatrice de santé paire ou un médiateur de santé pair, ou avec un autre professionnel de la santé mentale. Il existe plusieurs modèles en accès libre sur internet.
- Ecouter un médiateur de santé pair, une infirmière, un psychiatre, une personne concernée parler de leur pratique des directives anticipées lors de la journée d’étude
- Télécharger la plaquette “Les DAP c’est quoi” réalisée en 2021 par deux médiateurs de santé pair, sur le site du Centre ressource réhabilitation au Centre hospitalier Le Vinatier
- Découvrir le kit mon GPS – Guide Prévention et Soins et son livret créé en avril 2022 par l’association Prism, en partenariat avec Psycom
- Télécharger le livret Mon plan de crise, une traduction participative du travail de la militante britannique Mary Ellen Copeland, mise en ligne en 2017 par la blogueuse Zinzin Zine
- Télécharger Mon plan personnel de gestion de crise, adapté d’un livret britannique en 2017 sur le site Les ateliers de réhabilitation, canton de Vaud (Suisse)
- Télécharger le livret Plan de crise, créé en 2016 par le Réseau santé de Namur (Belgique)
En dépit de leur nom, ces “directives” n’ont pas de caractère contraignant pour les équipes médicales ; elle restent incitatives. Lors de la journée du 16 novembre, Julien Starkman, psychiatre auprès du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), a précisé que depuis septembre 2020, les équipes du CGLPL, “au fil des visites de contrôle, sollicitent les établissements sur leurs connaissances des médiateurs de santé pair et des DIP. A savoir : les connaissent-ils, les ont-ils développées ?” Quand ce n’est pas le cas, a-t-il indiqué, “nous inscrivons dans le rapport une recommandation qui préconise des directives anticipées et l’intervention dans l’établissement de médiateurs de santé pair.”