[VU SUR LE WEB] De plus en plus de réfugiés arrivent d’Ukraine, depuis la guerre déclenchée le 24 février par la Russie. La ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, a déclaré sur France Info, le 27 mars, qu’environ 30 000 personnes venant de ce pays sont entrées en France – dont une partie en transit vers d’autres pays. Le dispositif d’accueil prévoit une attention particulière portée à leur santé mentale “compte tenu du contexte de leur départ et de leur vulnérabilité”, comme le précise la circulaire du 10 mars.
Dans son appel à financer un plan de soutien aux personnes ayant fui l’Ukraine lancé le 1er mars, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a également inscrit au programme “un soutien en matière de santé mentale et psychosociale“. De son côté, l’Unicef, le fonds des Nations Unies pour l’enfance, a alerté le 15 mars sur ce même besoin chez les enfants.
En France, des organismes publics et des associations se mobilisent pour fournir des informations, des conseils ou des services pour aider ces réfugiés à préserver leur santé mentale. Il s’agit de répondre à un besoin qui concerne, de manière plus large, l’ensemble des réfugiés et migrants présents dans notre pays, originaires le plus souvent d’Afghanistan, de Syrie ou de l’Afrique Sub-Saharienne.
Deux chercheurs de Belgique en sociologie et en psychologie sociale décrivent ainsi la “rupture sociale et identitaire” vécue par les réfugiés et les migrants, ainsi que ses conséquences sur la santé mentale. Pour prévenir les troubles psychiques, Alessandro Mazzola et Antoine Roblain insistent sur la nécessité de lutter contre leur isolement et de favoriser leur intégration sociale.
Psychologue et experte en santé mentale, Selma Sevkli réalise des missions pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Actuellement mobilisée dans un camp de réfugiés en Pologne, elle décrit comment on peut aider ces personnes : “en les écoutant attentivement pour comprendre les mécanismes d’adaptation qu’elles utilisent et en trouvant des moyens d’enclencher ces mécanismes ; en les laissant exprimer leurs sentiments ; et en les mettant en relation avec les services nécessaires tout en veillant à ne pas faire de mauvaises suggestions ou à leur donner de faux espoirs.”
De nouvelles ressources viennent d’être mises en ligne, en lien avec la santé mentale des réfugiés arrivés d’Ukraine. Ainsi, les citoyens qui accueillent des personnes ou des familles sous leur toit peuvent s’appuyer sur les “Recommandations pour accompagner au mieux les personnes réfugiées que l’on héberge”. Préserver l’intimité de chacun, par exemple, ou bien apprendre quelques mots dans la langue de la famille accueillie. Elles ont été rédigées par le CN2R (Centre national de ressources et de résilience), organisme public spécialisé dans la prise en charge du psychotraumatisme, les CUMP (Cellules d’urgence médico-psychologique) rattachées au SAMU et l’équipe du numéro de prévention du suicide, le 3114.
“Les traumatismes psychologiques subis, les deuils provoqués par des décès soudains et violents, le stress permanent peuvent détériorer la santé mentale des personnes réfugiées et être à l’origine de souffrances psychiques nécessitant des soins auprès de professionnels de santé,” précisent les auteurs.
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Les professionnels qui interviennent auprès des réfugiés peuvent trouver des conseils dans la brochure “Accueillir des populations exposées à la guerre en Ukraine” réalisée par le Centre psychotrauma Grand-Est. “Certains souhaiterons évoquer les événements, d’autres non”, soulignent les médecins, rappelant que “la parole doit rester libre”.
- Télécharger la brochure sur le site du CN2R
Pour une information plus détaillée, les professionnels peuvent se référer au “guide ressource à destination des intervenants sociaux” publié en février, “Soutenir la santé mentale des personnes migrantes”. Réalisé par l’Observatoire sur la santé mentale et les vulnérabilités sociales, l’Orspere-Samdarra, hébergé au Centre hospitalier Le Vinatier près de Lyon, le guide aborde notamment la honte et la peur de “devenir fou” : “Les symptômes ressentis peuvent provoquer de l’inquiétude, ils peuvent donner l’impression de perdre pied ou la crainte que ces ressentis perdurent toute la vie”.
Pour les personnes réfugiées elles-mêmes, l’OMS a réalisé un manuel intitulé “Faire ce qui compte en période de stress”, traduit en plusieurs langues. S’appuyant sur des illustrations façon bande dessinée, il propose des idées, des techniques et des exercices à tester pour réduire son stress face à l’adversité.