[REVUE DE PRESSE] Le 10 septembre, se tenait la journée internationale de la prévention du suicide. De nombreux articles ou émissions radio ont abordé le sujet, qui apparaît de moins en moins tabou. Des citoyens et des villes ont aussi pris des initiatives pour en parler, relayant pour certains la campagne “Septembre jaune”. Cette opération est organisée par le 3114, le numéro national de prévention du suicide – qui a choisi le jaune pour son identité. Elle reprend le principe d’Octobre rose, le mois de la lutte contre le cancer du sein.
- Voir des événements liés à Septembre jaune sur le site du 3114
Ainsi, on peut donc parler du suicide sans effrayer et même, en faisant rire les auditeurs. C’est en tout cas le pari de l’humoriste suisse Bruno Peki, qui a retenu ce thème pour sa chronique sur France Inter, La drôle d’humeur. “La santé mentale des jeunes, c’est un sujet qui me tient à cœur. En Suisse, on a un taux de suicide plus élevé que dans d’autres pays, notamment la France. OK, vous faites plus de médailles aux JO, mais on peut pas être les meilleurs partout !”
Comment encourager les adolescents à demander de l’aide, en cas de pensées suicidaires ? C’est la question à laquelle a répondu le pédopsychiatre Daniel Marcelli, interrogé par la journaliste Solène Chardronnet du bimensuel Le Monde des ados (groupe Fleurus presse).
Une ado peut, par exemple, être confrontée à la situation suivante : “Ma copine m’a dit qu’elle voulait se suicider, elle m’a fait jurer de ne pas en parler”. Que faire ? “Tu dois lui dire que ce secret est trop lourd à porter et que tu veux en parler à un adulte, répond Daniel Marcelli. Tu lui montres que tu prends ses paroles au sérieux. Ce n’est pas une trahison. C’est parce que tu l’aimes, tu ne veux pas la laisser s’enfoncer”.
Comment les parents peuvent-ils repérer les signes qui pourraient faire penser à des idées suicidaires chez leur enfant ? Et comment en parler avec lui ? Un psychiatre et deux psychologues de l’hôpital Robert Debré, à Paris, se proposent de guider les parents avec une série de 4 vidéos, mises en ligne en 2022. On y apprend, aussi, comment bâtir un plan de sécurité avec son enfant, pour limiter le risque qu’il se mette en danger.
Dans la presse quotidienne régionale, des reportages montrent que des citoyens s’impliquent, confirmant ainsi que la prévention du suicide est l’affaire de toutes et de tous. En Savoie et Haute-Savoie, la Sécurité sociale des agriculteurs développe un réseau de “sentinelles” sur tout le territoire, des personnes formées pour repérer le mal-être autour d’elles, et empêcher que leurs collègues ne passent à l’acte. “L’essentiel pour Mireille Blanc-Gonnet, gérante d’une exploitation de vaches laitières à Arêches-Beaufort, c’est de trouver comment faire parler ceux qui ne vont pas bien”, écrit la journaliste de France Bleu, Margaux Longeroche.
A Rouen, Christine Wurtz, journaliste de France Bleu, consacre un reportage à l’équipe du 3114 de cette ville. “C’est important de décrocher rapidement, confie Claire Georgin, médecin psychiatre au CHU de Rouen et coordinatrice du dispositif. Plus l’attente sera courte, plus on aura la possibilité d’entrer en relation avec la personne et de pouvoir désamorcer la crise et proposer une solution adaptée.”
Les témoignages de personnes ayant connu des pensées suicidaires ou fait une tentative de suicide sont encore rares. Pour contribuer à libérer la parole, l’équipe du 3114 a sollicité des personnes ayant appelé le numéro – plusieurs ont accepté de raconter leur histoire. “C’était la nuit et je n’arrivais pas à dormir”, se rappelle Karim (le prénom a été changé). Les entretiens, réalisés par une sociologue, sont regroupés sous le titre “Moi aussi je suis passé par là”.
- Lire les récits de Karim, Pierre, Jonathan, Younes, Benjamin sur le site du 3114
Avec la rentrée scolaire, le 2 septembre, les médias ont aussi abordé la question du harcèlement à l’école. Revenant sur le suicide d’un lycéen il y a un an, le journaliste de Ouest-France Johan Bescond estime que l’onde de choc provoquée par cet événement “a accéléré le plan de lutte contre le harcèlement scolaire”.
Il cite Nora Tirane-Fraisse, présidente de l’association Marion la main tendue, créée après le suicide de sa fille en 2013, qui constate une “prise de conscience collective”, au bout d’une décennie jalonnée “d’événements tragiques”. “Aujourd’hui, le dialogue s’est ouvert à l’école. Le sujet n’est plus tabou et les enfants savent le définir. Les élèves ambassadeurs, par exemple, sont des citoyens extraordinaires dans les collèges et lycées. »