Personnes LGBT+ : ce qui est fait et à faire pour leur santé mentale

Publié le 27/05/2024
Face à la hausse des violences exercées contre les personnes homosexuelles ou trans, des initiatives sont prises pour prévenir leur mal-être, à l'école, dans les familles et ailleurs.

[REVUE DE PRESSE] La hausse des violences exercées contre les personnes LGBT+ s’est poursuivie en 2023, selon le recensement des infractions communiqué le 16 mai par le ministère de l’Intérieur. Ce sigle désigne la communauté regroupant des personnes lesbiennes (femmes homosexuelles), gays (hommes homosexuels), bisexuelles (ayant une attirance pour les deux genres), trans (dont l’identité de genre diffère de celle assignée à la naissance), ainsi que d’autres variantes dans l’orientation ou l’identité sexuelle. 

Les conséquences d’actes tels que des insultes, des attaques en ligne ou des agressions, sur la santé mentale des personnes LGBT+ sont établis. Lors de la journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, le 17 mai, de nouvelles données ont montré qu’on peut agir pour leur santé mentale à la fois au niveau de la famille, de l’école, du travail, dans les lieux publics et sur internet. 

A cette occasion, l’association SOS Homophobie a dévoilé son rapport annuel, basé sur les appels et messages reçus sur sa plate-forme de soutien psychologique. Les signalements d’actes homophobes ou transphobes auprès des écoutants sont en hausse et associés, dans 13 % des cas, à un « mal de vivre » chez la personne concernée.

Ce mal-être prend différentes formes, comme la crainte vis-à-vis de la réaction de l’entourage en lien avec son orientation ou son identité sexuelle, la peur dans les lieux publics ou dans le voisinage, le sentiment de culpabilité ou encore la détresse mentale et la dépression, note le journaliste du Point Nathan Tacchi. « Aucun espace n’est protégé » des violences, affirme Julia Torlet, la présidente de l’association. Mais le cadre familial reste le lieu principal à l’origine de ce mal de vivre, concernant 20 % des personnes déclarant ce mal-être.

La réaction de la famille est un facteur clé, souligne le rapport, “surtout lorsque les victimes sont attaché·es à leurs proches ou lorsqu’elles n’ont pas les moyens de prendre leur indépendance, ce qui est le cas chez les plus jeunes“. De manière générale, “[les personnes déclarant un mal de vivre] sont souvent très seul·es ou ont le sentiment de l’être, précise le rapport. On les sent fragilisé·es et en plein désarroi, mais iels ont du mal à l’exprimer, ne trouvent pas les mots”. 

La hausse des signalements sur la plate-forme pourrait aussi s’expliquer, en partie, par une plus grande facilité à dénoncer les faits, souligne Yves Ducel-Fage, délégué SOS Homophobie Languedoc Roussillon. “C’est toujours difficile de dissocier ce qui est l’augmentation des cas réel, ou ce qui est le fait d’une plus grande libération de la parole”, souligne-t-il sur France Bleu Hérault. 

Dans les lycées de Nantes, la lutte contre l’homophobie passe par des ateliers de sensibilisation, un lieu dédié sous forme d’un “foyer dans lequel les personnes sont sécurisées”, le recours à des psychologues, note le journaliste de France Bleu Loire Océan Hugo Deschamps. De son côté, le ministère de l’Education nationale vient de lancer la ligne Ecoute contre l’homophobie, destinée aux élèves, aux proches mais aussi au personnel des collèges et des lycées. 

  • Lire le reportage sur France Bleu
  • Découvrir la ligne Ecoute contre l’homophobie
  • Pour un panorama des initiatives à l’école, lire l’article de Jean-Pierre Vrignaud sur Lumni, site public d’information pour les enseignants

Les associations LGBT+ devaient se réunir le 17 mai avec des députés de plusieurs groupes politiques, pour bâtir une proposition de loi transpartisane destinée à renforcer la lutte contre l’homophobie à l’école et les moyens de l’Education nationale sur ce sujet. Elles réclament notamment la formation obligatoire, initiale comme continue, du personnel, ainsi que la mise en œuvre effective de l’éducation à la vie sexuelle et affective, inscrite dans la loi depuis 2001 mais peu appliquée dans les faits.

Parmi les pistes pour améliorer la santé mentale des enfants et adolescents LGBT+, la Fondation Jean-Jaurès, groupe de réflexion proche du Parti Socialiste, rappelle que la prévention des violences à l’école est un outil efficace. “L’OCDE a même pu le constater, s’agissant des interventions de SOS Homophobie”, souligne la chercheuse et militante Flora Bolter, co-directrice de l’Observatoire LGBTI+ (I pour Intersexe, dont les caractéristiques ne correspondent pas à un corps typiquement mâle ou typiquement femelle) de la fondation. “Le soutien à la parentalité, particulièrement en direction de parents en difficulté face à des enfants LGBTI+, est également un outil précieux qui a démontré son efficacité dans l’amélioration des situations”. 

Les parents peuvent en effet jouer un rôle majeur vis à vis de la santé mentale de leur enfant LGBT+. Dans un billet publié sur le site de l’Unicef, Vandita Morarka, présidente de l’ONG féministe One Future Collective, donne plusieurs recommandations. “Faire l’effort de se renseigner davantage sur les joies et les difficultés particulières qu’éprouvent les enfants LGBTQ+”  (Q pour Queer, de l’anglais “peu commun” par leur orientation sexuelle ou leur identité de genre) ;  “Prendre position en faveur de votre enfant, que ce soit à l’école, à l’université, au sein du cercle familial ou dans un lieu public. Il est important qu’il ou elle constate que vous l’acceptez non seulement en privé, mais aussi en public”.

  • Lire le billet de blog publié en 2022 sur le site de l’Unicef

A l’inverse, les enfants LGBT+ peuvent aussi faire évoluer leurs parents et, à terme, avoir une influence bénéfique sur leur santé mentale… à eux. “On ne parle que rarement du processus de remise en question positive qui peut s’ouvrir chez des parents de LGBT, écrit la journaliste de Madmoizelle Apolline Bazin. Au-delà d’une nécessaire mise à jour en culture queer, de vraies transformations intimes peuvent se produire”.

  • Lire l’article publié le 20 mars 2024 sur Madmoizelle

CREDITS

Veille de l’actualité en santé mentale : équipe Psycom
Choix du sujet en comité éditorial : Estelle Saget, Alexandra Christine, Cyril Combes, Léa Sonnet, Aude Caria (Psycom)
Rédaction : Estelle Saget (Psycom)