Le burn-out, comment l'éviter

Publié le 24/06/2024
Alors que les cas d'épuisement professionnel augmentent, la réflexion progresse sur les moyens de s'en prémunir, et de s'en remettre.

[REVUE DE PRESSE] Alors que les vacances approchent, le sujet du burn-out revient dans plusieurs médias. Certains soulignent la nécessité de ralentir le rythme de travail avant ses congés, si on le peut. Car le réflexe, bien souvent, est de tenter de boucler tous ses dossiers, d’en finir avec les demandes en attente, ce qui augmente le risque d’épuisement.

D’autres médias se penchent sur la décision rendue publique le 4 juin par le Conseil d’Etat. Lorsqu’un médecin prescrit un arrêt de travail pour burn-out, il ne s’agit pas d’un certificat de complaisance, a statué la plus haute juridiction administrative. Ces actualités viennent rappeler qu’il est important de connaître les facteurs d’épuisement professionnel, pour mieux s’en prémunir et préserver sa santé mentale. 

Au moment des congés, « les personnes partent le plus souvent en ayant tiré sur la corde un maximum et une fois arrivé à destination leur corps lâche, ils tombent malades, affirme la psychologue Lisa Letessier à la journaliste du Figaro Sevin Rey-Sahin. Or, plus vous êtes épuisé et stressé, et plus vos vacances auront besoin d’être longues pour permettre une vraie récupération. Les vacances doivent être un moment de repos et non de convalescence. »

L’alerte est d’autant plus justifiée que la France se classe plutôt haut, dans le monde, en matière de burn-out. Le groupement Future forum, créé par l’entreprise américaine de messagerie Slack pour étudier les évolutions du monde du travail,  propose une mesure du phénomène. La proportion de personnes d’accord avec l’affirmation “Je me sens épuisé au travail” (I feel burned out at work) augmente entre 2021 et 2022 dans les 6 pays occidentaux étudiés. En France, elle passe de 43 à 48 %, un chiffre égal à celui du Royaume-Uni, juste en-dessous de l’Australie. 

Des experts interrogés par la journaliste Coline de Silans, de la rédaction de Welcome to the Jungle, appellent au changement d’un management trop vertical. On a “des gens qui pensent avoir tout compris et expliquent aux autres, qui exécutent”, regrette Jean-Claude Delgenes, économiste et fondateur du cabinet spécialisé en prévention des risques psychosociaux Technologia. 

Par ailleurs, le métier occupe une place centrale dans l’identité des Français. « Nous avons la spécificité d’accorder au travail une centralité en termes de construction identitaire. Aux États-Unis, par exemple, vous avez un travail fonctionnel, rémunérateur, et à côté, vous pouvez accomplir ce que vous avez envie d’accomplir sur le plan identitaire au sein d’associations », éclaire la psychologue Marie Pezé.

Dans un contexte où le gouvernement souhaite réduire les arrêts de travail, ceux prescrit pour «burn-out» ou «épuisement professionnel» sont contestés en justice par de plus en plus d’employeurs. Or, selon la décision du 28 mai du Conseil d’État, ce motif est légitime. Ces arrêts ne sauraient être considérés comme des certificats de complaisance et les médecins n’ont pas à être poursuivis, quand bien même ils ne peuvent pas avoir connaissance des conditions de travail de leur patient. Cette décision pourrait faire jurisprudence. 

Si l’arrêt de travail permet le plus souvent de se rétablir d’un burn-out, les enjeux autour de la santé mentale demeurent, avec le retour à l’emploi. Des études montrent qu’après un arrêt pour un problème de santé mentale, le risque de rechute est élevé, en particulier la première année.

L’employeur peut aider le salarié, notamment par une communication adaptée vis à vis de l’équipe. En effet, un passage à temps partiel, un allègement des tâches confiées, sont autant de mesures nécessaires mais qui peuvent être considérées par les collègues comme des privilèges et entraîner des frictions, souligne Lode Godderis, chercheur en médecine du travail à l’université de Louvain (Belgique) dans The Conversation. 

CREDITS

Veille de l’actualité en santé mentale : équipe Psycom
Choix du sujet en comité éditorial : Estelle Saget, Alexandra Christine, Cyril Combes, Léa Sonnet, Aude Caria (Psycom)
Rédaction : Estelle Saget (Psycom)