La saison 2 de la série Euphoria, diffusée en France par OCS depuis le 9 janvier, atteint des audiences records à l’échelle mondiale. Cette fiction américaine met en scène les amours et les angoisses de lycéens qui multiplient les prises de risque. Euphoria aborde des sujets difficiles tels que la solitude, l’anxiété, la dépression, les violences sexuelles, les pensées suicidaires, les addictions ou la transidentité. Louée pour sa qualité cinématographique, la série suscite en même temps des questionnements quant à ses effets sur les adolescents et son impact sur la santé publique.
L’actrice jouant le rôle principal, Zendaya, avait publié quelques heures avant le lancement de la saison 2 un avertissement évoquant “des sujets difficiles à regarder” – comme elle l’avait déjà fait pour la saison 1. «Je tiens à réitérer à tout le monde qu’Euphoria est destinée à un public adulte (…), écrit-elle sur son compte Instagram. Regardez la uniquement si vous vous sentez à l’aise».
- Lire l’article concernant la mise en garde de Zendaya sur Le Figaro
A Tonneins (Lot-et-Garonne), une jeune fille de 16 ans est décédée le 23 janvier, après avoir ingéré avec sa cousine une grande quantité de médicaments. Selon les premiers éléments de l’enquête rapportés par France 3, elles auraient voulu “reproduire les comportements des acteurs de la série Euphoria“. Cette hypothèse, qui n’est pas confirmée à ce stade, interroge sur le risque d’un mimétisme chez les fans de la série.
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L’association américaine Drug Abuse Resistance Education (Dare), pour la prévention de l’usage des drogues chez les jeunes, a publié le 26 janvier aux Etats-Unis un communiqué accusant la série d’avoir “choisi de glorifier l’usage des drogues, l’addiction (…) et la violence”. Citée dans un article de NBC News, l’association souhaite que soit “reconnues les conséquences négatives potentielles de la série Euphoria sur les enfants en âge d’aller à l’école, qui font face à des risques sans précédent et des défis pour leur santé mentale”.
La série peut, à l’inverse, avoir des effets positifs sur ceux qui la regardent. En effet, elle montre les conséquences délétères de l’usage de drogues. Le personnage joué par Zendaya fait preuve, aussi, d’une volonté de sortir de la dépendance plusieurs fois réaffirmée. “On voit que le personnage de Rue essaie de s’en sortir, qu’il y a des moments où elle rechute, qu’un long parcours l’amène vers le rétablissement… Donc dans le cas de cette série, les scènes filmant l’addiction, mêmes si elles sont dures, ne sont pas gratuites”, affirme Jean-Victor Blanc, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, sur le site de France Info.
Dans son analyse pondérée de Euphoria, le médecin fait le parallèle avec une précédente série mettant en scène des adolescents, 13 reasons why, diffusée par Netflix. Les auteurs avaient choisi de couper une scène problématique mettant en scène le suicide du personnage principal, après l’alerte des professionnels de santé sur le risque de voir se produire de tels gestes dans la réalité. La série, qui offrait l’occasion d’aborder ce sujet tabou, n’avait pas été censurée en elle-même.
- Lire l’entretien avec Jean-Victor Blanc sur France Info