Infirmier en pratique avancée, le métier qui monte en psychiatrie

Publié le 31/01/2025
Un décret donne à cette jeune profession davantage de responsabilités, notamment la prescription de certains médicaments.

[REVUE DE PRESSE] Les infirmières et infirmiers en pratique avancée (IPA) viennent de franchir une étape importante dans la reconnaissance de leurs compétences. Depuis le 20 janvier, les patients peuvent prendre directement rendez-vous avec une ou un IPA, sans être envoyés par un médecin. Cependant, cela vaut pour les IPA qui travaillent dans une structure de santé – pas pour celles et ceux qui exercent en libéral.

Depuis 2019, ces nouveaux professionnels de santé exercent en psychiatrie et santé mentale, ainsi que dans quatre autres domaines, pathologies chroniques stabilisées, urgences, oncologie et néphrologie. Par leur métier, ils se situent entre l’infirmier et le médecin. Ils pourront désormais prescrire certains types de médicaments et d’examens, dont la liste sera publiée par la suite.  

Dans le détail, certaines restrictions qui faisaient par exemple qu’un IPA mention « psychiatrie et santé mentale » ne pouvait travailler qu’avec un psychiatre sont supprimées. Mais des interrogations subsistent. “En psychiatrie, si l’antidépresseur d’un patient n’est pas efficace et qu’on ne peut pas le modifier, nous serons limités, indique l’un des vice-présidents du syndicat de cette profession, l’Union nationale des IPA (Unipa), Jordan Jolys […]. Tout dépendra donc de la liste des médicaments que nous allons pouvoir prescrire”.

Combien la France compte-t-elle d’IPA ?  Ils et elles sont maintenant 3080 à être diplômées. La mention “psychiatrie et santé mentale” a connu une progression significative jusqu’en 2022 (28% des diplômés), avant de décliner en 2023 (24,8%) et 2024 (19,7%), selon L’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa).

  • Voir les chiffres dans l’article du 10 décembre 2024 sur la revue Santé mentale

Que font les IPA, notamment en psychiatrie ? Ils sont huit à travailler au centre hospitalier Georges-Mazurelle, l’établissement public de santé mentale de La Roche-sur-Yon (Vendée). Le directeur, Pascal Forcioli, mise sur ce nouveau métier pour le futur de l’établissement : « Cette fonction soulage le médecin d’un certain nombre de tâches pour le suivi de patients chroniques », avance-t-il. 

De manière plus large, les IPA apportent l’espoir d’un meilleur accès aux soins là où les médecins manquent, par exemple dans les zones qualifiées de “déserts médicaux”. 

L’émergence de cette jeune profession suscite des réactions variables côté médecins. Certains médecins se déclarent satisfaits de leur collaboration avec des IPA, mais peu témoignent dans les médias. De son côté, le Syndicat des médecins libéraux (SML) a marqué son opposition aux changements inscrits dans le décret. “Il semble inimaginable que les IPA puissent prescrire des médicaments sans diagnostic médical préalable”, a affirmé Sophie Bauer, présidente du Syndicat des médecins libéraux (SML), à la journaliste Solène Leroux de RMC. 

  • Regarder le reportage du 22 janvier sur RMC

Ailleurs en Europe, les infirmiers se voient également confier davantage de responsabilités. Le Royaume-Uni a ouvert dans les années 1990 le droit aux infirmiers de pratiquer certains actes médicaux, dans un contexte de pénurie de médecins, note le journaliste Thibault Colin dans What’s up Doc. Puis il a introduit la notion de « nurse prescribing » en 2002, permettant d’élargir le champ des prescriptions. En Europe, une quinzaine de pays autorisent, à différents degrés, les infirmiers à réaliser certains actes médicaux. 

  • Lire l’article du 24 janvier sur le magazine destiné aux jeunes médecins What’s up Doc 

Et demain ? Certains IPA souhaitent aller plus loin, comme Jean-François Cauquil, l’un des vice-présidents de l’Unipa. A l’occasion de la Grande cause nationale 2025 santé mentale, et de l’appel à propositions sur le thème “Ce qu’il faut changer”, il a proposé le 30 janvier que le métier d’IPA devienne une profession médicale intermédiaire, comme les sages-femmes. 

CREDITS DE CETTE REVUE DE PRESSE

Veille de l’actualité en santé mentale : équipe Psycom
Choix du sujet en comité éditorial : Estelle Saget, Cyril Combes, Léa Sonnet, Aude Caria (Psycom)
Rédaction : Estelle Saget (Psycom)