Troubles bipolaires

Mise à jour : 07/10/2024
Troubles bipolaires
Dans ces troubles, l'humeur connaît une variation anormale avec alternance entre deux phases, l'excitation et la dépression. Malgré des répercutions qui peuvent être importantes, il est possible de s'en rétablir.

Les troubles bipolaires, qu’est ce que c’est ?

Les troubles bipolaires se caractérisent par une variation anormale de l’humeur, avec l’alternance de deux phases – d’où le mot bipolaire. La personne peut, par exemple, vivre une période d’excitation (appelée épisode maniaque) suivie d’une période de dépression, voire de mélancolie profonde. Ces épisodes sont entrecoupés de périodes de stabilité qui, selon les personnes et les cycles, durent plus ou moins longtemps. L’intensité et la durée des épisodes d’excitation et de dépression varient d’une personne à l’autre, ou au cours de la vie d’une même personne.

Les troubles bipolaires portaient auparavant le nom de psychose maniaco-dépressive (PMD). Ils peuvent être de plusieurs types, la précision étant apportée au moment du diagnostic. Ils sont souvent associés à des troubles anxieux et à des comportements addictifs, selon l’étude publiée en 2018 dans la revue Therapeutic Advances in Psychopharmacology.

Les troubles bipolaires peuvent avoir des répercutions importantes sur notre vie affective, familiale, professionnelle et sociale. Malgré ces difficultés, il est possible de se rétablir de troubles bipolaires.

Comment reconnaître un épisode dépressif

Un épisode dépressif se caractérise par une période d’humeur dépressive ou une diminution de l’intérêt pour les activités, qui dure la majeure partie de la journée, presque tous les jours et durant au moins deux semaines. D’autres symptômes sont présents, tels que : 

  • Des difficultés de concentration  
  • Des sentiments de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée, 
  • Un désespoir, 
  • Des pensées récurrentes de mort ou de suicide, 
  • Des modifications de l’appétit ou du sommeil, 
  • Une agitation ou un ralentissement psychomoteur
  • Une baisse d’énergie ou de la fatigue.

Selon la durée, la sévérité et le nombre des symptômes, en parlera d’épisode dépressif léger, moyen ou sévère.

Comment reconnaître un épisode maniaque

L’épisode maniaque est défini dans la CIM-11 comme une période d’au moins 1 semaine durant laquelle nous sommes euphoriques, ou irritables, ou expansifs, avec une énergie accrue, un état très différent de notre façon d’être habituelle.  S’y ajoutent d’autres signes caractéristiques tels que :

  • Un débit de parole rapide, comme si on était sous pression
  • La sensation que nos idées fuient
  • Une augmentation de l’estime de soi, la sensation d’être promis à un destin grandiose
  • La diminution du besoin de sommeil (par exemple se sentir reposé après seulement 3 heures de sommeil)
  • La difficulté à se concentrer, le fait de se trouver facilement distrait
  • Un comportement impulsif ou le fait de ne pas tenir compte de la douleur
  • Des changements rapides entre différents états de l’humeur

La personne peut également connaître un épisode hypomaniaque, avec les mêmes signes, mais d’une intensité moindre que dans un épisode maniaque et sans conséquences importantes sur sa vie professionnelle, affective et sociale.

On constate que le diagnostic est souvent posé avec un délai de plusieurs années après l’apparition des premiers symptômes, ce qui retarde d’autant la mise en place d’un traitement adapté. Le trouble bipolaire est moins bien repéré chez les hommes, alors que ceux-ci sont tout autant concernés que les femmes.   

Quelques idées reçues sur les troubles bipolaires

A lire

« Les personnes bipolaires sont toujours dans un excès ou dans l’autre »…

EN FAIT : les périodes maniaques ou dépressives sont entrecoupées de longues périodes de rémission pendant lesquelles la personne va bien.

« Les personnes bipolaires sont une charge pour la société »…

EN FAIT : beaucoup de personnes bipolaires travaillent. Certaines font preuve d’une grande créativité. Parmi les exemples célèbres : Issac Newton, Virginia Wolf, Frédéric Chopin ou Winston Churchill.

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Comment traiter les troubles bipolaires

Le recours aux médicaments

Pour le traitement des troubles bipolaires, l’équipe médicale prescrit le plus souvent des stabilisants de l’humeur, dits aussi régulateurs, thymorégulateurs ou normothymiques. Ces médicaments psychotropes sont utilisés afin de prévenir les récidives d’épisodes dépressifs ou maniaques.

Le lithium est le stabilisateur de l’humeur de référence, généralement proposé en premier. Sa concentration dans le sang est à surveiller régulièrement pour éviter les surdoses aux conséquences parfois graves. Son association avec certains autres médicaments est à éviter.

Certains antiépileptiques sont aussi utilisés pour leur effet stabilisant de l’humeur : le valproate de sodium (Depakine® ou autres), le valpromide (Depamide®) – deux dérivés de l’acide valproïque – la carbamazépine (Tegretol® ou autres) et la lamotrigine (Lacmital® ou autres).

Une association de plusieurs stabilisants de l’humeur est parfois utilisée. En cas de symptômes persistants, on peut ajouter un neuroleptique.

Tous les médicaments psychotropes peuvent causer des effets indésirables, souvent peu gênants, certains rares mais graves. Les détecter permet souvent d’en limiter les conséquences. Certaines précautions permettent d’en éviter beaucoup, en particulier en limitant les associations avec d’autres médicaments.

Des précautions particulières avec les médicaments

  • Femme enceinte ou désirant l’être : les dérivés de l’acide valproïque (Depakine®, Depamide®ou autres), le lithium et la carbamazépine exposent l’enfant à naître à des malformations et divers autres troubles : d’autres options thérapeutiques sont possibles. Une contraception efficace est nécessaire pendant le traitement. La lamotrigine (Lamictal® ou autres) nécessite des précautions particulières.
  • Personne âgée : les posologies des médicaments doivent être adaptées à l’état cardio-vasculaire, cognitif, rénal et hépatique. La personne âgée est plus sensible aux effets indésirables et nécessite souvent des posologies plus faibles que celles utilisées habituellement.

D’autres options thérapeutiques

L’électroconvulsivothérapie ou sismothérapie (auparavant appelés électrochocs) peut être proposée, en dernier recours, après l’échec de tous les autres traitements, et selon des indications très précises. Elle consiste à provoquer une crise d’épilepsie chez le patient au moyen d’un courant électrique de faible intensité administré à travers le crâne, sous anesthésie générale. 

Le recours à cette thérapie nécessite « une évaluation documentée des risques et du bénéfice potentiel du traitement » pour la personne concernée, comme l’indique la Haute autorité de santé dans sa recommandation de 2017 consacrée à l’épisode dépressif caractérisé de l’adulte.

Le soutien par une psychothérapie

Le traitement ne se résume pas aux médicaments. Ceux-ci peuvent nous aider dans notre parcours de rétablissement, en soulageant les symptômes qui nous submergent. La psychothérapie, elle, améliore le vécu du trouble et permet de faire face à ses conséquences dans le quotidien. Elle nous aide à comprendre le trouble, à identifier suffisamment tôt les signes d’une éventuelle rechute, à surmonter les symptômes qui peuvent persister en dépit du suivi. 

Le choix du type de psychothérapie dépend de nos attentes et de la recommandation de l’équipe médicale. Il peut être orienté, ou limité, par l’offre de psychothérapie existant autour de chez nous. Il existe différentes formes de psychothérapies dont nous pouvons bénéficier, cognitivo-comportementale, systémique, de groupe, analytique, etc.

Suivre un programme d’éducation thérapeutique

Les programmes de psychoéducation, également appelés éducation thérapeutique du patient (ETP), aident la personne à connaître sa maladie, prévenir les rechutes et les complications évitables.

Ils proposent une information adaptée, améliorent la compréhension des traitements et de leurs effets indésirables éventuels. Ils développent les capacités d’auto-surveillance et de meilleures aptitudes à la gestion des facteurs de stress, par exemple des périodes d’activité professionnelle particulièrement intenses, ou la survenue d’un événements douloureux. 

S’aider par soi-même

Si le recours au soin est souvent indispensable en cas de trouble bipolaire, nous pouvons aussi développer des ressources personnelles qui peuvent nous aider à aller mieux. Nous pouvons par exemple porter attention à nos rythmes de sommeil et à notre alimentation, limiter notre consommation d’alcool, de médicaments anxiolytiques ou de substances psychotropes (cannabis, autres drogues). Nous pouvons pratiquer une activité physique que nous aimons, ou éventuellement la relaxation ou la méditation.

Afin d’éviter une aggravation ou une rechute, il est possible d’apprendre à repérer les signes d’alerte propres à chacune et chacun. Cela peut être un changement d’humeur ou de comportement, une perte d’intérêt et de la fatigue ou au contraire, une grande activité physique, le désir de parler et un moindre besoin de sommeil. Nous pouvons les noter dans un livret personnel comme “mon GPS Guide Prévention et Soins“, développé par Psycom et l’association PRISM.

Échanger avec des personnes vivant ou ayant vécu des troubles bipolaires peut apporter un grand soutien. On peut le faire en rejoignant un groupe d’entraide mutuelle (GEM), une association de patients et de proches, un groupe de paroles ou un forum de discussion sur internet.

Vivre avec une personne concernée par un trouble bipolaire

L’entourage peut  apporter un soutien essentiel dans les moments difficiles, même si son rôle n’est pas de se substituer au médecin ou au psychothérapeute.

Ce soutien peut notamment consister à :

  • Repérer les signes d’une dépression ou d’une phase maniaque chez un proche et lui en parler
  • Aider son proche à chercher de l’aide, à consulter un professionnel et, si besoin, à suivre le traitement prescrit
  • Soutenir son proche dans les activités du quotidien
  • Évoquer ouvertement les idées de suicide s’il y a lieu, afin de l’encourager dans sa recherche d’aide.

L’entourage peut trouver du soutien pour lui-même auprès d’associations de personnes vivant avec des troubles psychiques et de leurs proches. 

  • Joindre la ligne d’écoute ou rejoindre un groupe de parole de l’association Argos 2001 réunissant des personnes vivant avec un trouble bipolaire et des proches
  • Lire les articles sur le trouble bipolaire sur le site de l’Assurance maladie
  • Contacter l’association Bicycle d’aide aux familles d’enfants et adolescents ayant un trouble de l’humeur 
  • Pour en savoir plus sur les précautions particulières en cas de grossesse ou d’allaitement, consulter le site du CRAT .

Cet article a été écrit par Estelle Saget (Psycom) à partir de la brochure Troubles bipolaires rédigée par Julien-Daniel Guelfi (psychiatre), Céline Loubières (Psycom) et Jean-Baptiste Hazo (CCOMS).

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Julien-Daniel Guelfi, professeur de psychiatrie à l’Université Paris-Descartes, praticien attaché à la Clinique des maladies mentales et de l’encéphale à l’hôpital Sainte-Anne (GHU Paris Psychiatrie), est décédé en 2023. 

Jean-Baptiste Hazo, ingénieur de recherche au CCOMS jusqu’en 2020, n’a pas reçu entre 2019 et 2022 de financement d’entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Céline Loubières déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Estelle Saget déclare ne pas avoir de liens d’intérêts avec des entreprises fabriquant ou commercialisant des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, matériel médical, e-santé, marketing médical, etc.).

Ces déclarations peuvent être vérifiées sur la Base Transparence Santé du Ministère de la Santé.